Surveillance de la qualité de l'eau

Un contrôle régulier de la qualité de l’eau est important pour assurer des conditions de vie idéales aux poissons.

Turbidité de l’eau de l’étang – Elle donne des informations sur son état nutritionnel. La turbidité est mesurée à l’aide d’un disque de Secchi. Le disque est en métal ou en plastique (s’il est en plastique, un poids sous le disque est nécessaire pour le faire couler dans l’eau) et peut être blanc ou noir et blanc. Sur la cordelette qui tient le disque, il y a des nœuds tous les 5 cm sur les 50 premiers cm et tous les 10 cm sur les 50 cm suivants. Le disque est immergé lentement dans l’eau et le nombre de nœuds immergés est ensuite compté. La profondeur à laquelle le disque disparaît lorsqu’on le regarde depuis la surface de l’eau s’appelle la profondeur de Secchi. Une valeur idéale se situe entre 25 et 30 cm. Si la visibilité atteint 40 cm, 50 cm ou plus, la croissance des algues est faible et doit être améliorée par l’ajout de fumier organique. Si la visibilité est inférieure à 25 cm, la croissance des algues est trop forte et peut entraîner une faible teneur en oxygène dans l’eau pendant la nuit. Dans ce cas, l’alimentation et la fumure doivent être arrêtées pendant quelques jours jusqu’à ce que la profondeur de Secchi atteigne à nouveau 30 cm.

Oxygène – L’appauvrissement en oxygène est la raison la plus courante des pertes dans l’étang à poissons. Si la croissance des algues dans l’étang est très forte, la teneur en oxygène pendant la journée est élevée, car les algues produisent de l’oxygène par photosynthèse. Mais pendant la nuit, les algues entrent en compétition avec les poissons pour l’oxygène et sa teneur diminue jusqu’à un niveau minimum au tout début de la matinée, avant le lever du soleil.

Si la croissance des algues est idéale (profondeur Secchi de 25 à 30 cm) et s’il n’y a pas trop de poissons dans l’étang et que ceux‑ci sont de petite taille, la saturation en oxygène de l’eau de l’étang devrait être suffisante. La compétition pour l’oxygène entre les poissons et tous les autres organismes de l’étang peut cependant devenir un problème sérieux si la densité de peuplement est trop élevée et que les poissons deviennent plus gros.

Si l’éleveur dispose d’un moyen de contrôler la concentration d’oxygène dans l’eau, il doit le faire deux ou trois fois par jour, lorsque les poissons présentent un comportement occasionnel de gobage d’air. Le gobage d’air apparaît généralement lorsque la teneur en oxygène tombe en dessous de 1 à 2 grammes par litre. Le taux d’oxygène doit être mesuré tôt le matin, avant le lever du soleil, et une demi‑heure après le repas, l’après‑midi ou le soir.

Valeur du pH – La valeur du pH donne des informations sur l’acidité de l’eau. Un pH de 7 signifie que l’eau est neutre et ne présente pas de caractéristiques acides ou alcalines. Cette valeur est idéale pour les poissons et les algues. Le pH peut être déterminé à l’aide de tests colorés, disponibles sous forme de tests liquides ou de tests sur papier buvard. Les valeurs inférieures à pH 5 peuvent être corrigées par un ajout prudent de lait de chaux et par une réduction de la densité de peuplement. La réduction de la densité de peuplement est également utile si le pH est très élevé (supérieur à 9).

Substances toxiques – De nombreux produits chimiques utilisés dans l’élevage et la production végétale dans les fermes non biologiques sont toxiques pour les poissons. Ces produits chimiques et les médicaments de synthèse ne doivent jamais être utilisés à proximité de l’étang. La prévention est cruciale à cet égard. Toute source existante ou potentielle de pollution de l’eau doit faire l’objet d’une enquête approfondie. Si une contamination est suspectée, des analyses de l’eau et des poissons doivent être effectuées en envoyant des échantillons à des laboratoires spécialisés.

Suivi du comportement des poissons

Le suivi du comportement des poissons pendant et après l’alimentation, ainsi que pendant et après la dispersion du fumier dans l’eau, donne des indications sur le bien‑être des poissons.

Si les poissons se tiennent près de la surface de l’eau et aspirent de l’air, cela signifie que la teneur en oxygène de l’eau est trop faible et qu’ils aspirent de l’air et de l’eau de surface pour apporter plus d’oxygène à leurs branchies. Les poissons commencent souvent à gober de l’air directement après s’être nourris. Dans des conditions idéales, les symptômes disparaissent en quelques minutes. Mais si les poissons présentent un comportement de gobage d’air pendant une période plus longue après avoir mangé, la teneur en oxygène de l’eau doit être augmentée. Dans ce cas, il faut arrêter de nourrir les poissons et d’apporter de l’engrais et augmenter le débit de l’eau entrante, et/ou aérer l’eau, par exemple en faisant tourner une roue à aubes.

Pour éviter les pertes dues au manque d’oxygène, la densité de peuplement initiale ne doit pas être supérieure à quatre alevins par m² de surface de l’étang. En cas de faible teneur en oxygène, une partie du stock de poissons peut être transférée dans un autre étang si possible.

Recommandations aux agriculteurs concernant le suivi du grossissement des poissons :

Pour surveiller le développement du stock de poissons et estimer la quantité de nourriture appropriée en cas d’alimentation externe, il faut fréquemment attraper quelques poissons et mesurer leur longueur et leur poids à l’aide d’un mètre et d’une balance.
Préparez une bassine avec de l’eau, mettez‑la sur la balance, ajoutez un certain nombre de poissons et obtenez le poids total de tous les poissons. La division du poids total par le nombre de poissons donnera le poids moyen.

En mesurant plusieurs échantillons, on obtient un résultat plus précis. Les mesures doivent être effectuées une fois par semaine et doivent être consignées dans un livre de ferme.

Discussion sur le suivi du comportement des poissons

Demandez aux participants si les agriculteurs ont l'habitude de surveiller la performance des poissons dans la région. Discutez des avantages d'un suivi régulier du comportement des poissons et déterminez ensemble les stades de croissance ou les saisons les plus critiques pour le suivi du comportement des poissons.

Suivi de la santé des poissons

En plus de l’échantillonnage fréquent de certains poissons pour déterminer leur taille, on peut vérifier leur état de santé. Les tilapias sont des poissons très résistants et présentent rarement des signes de maladie. Une bonne alimentation et une bonne qualité de l’eau avec beaucoup d’oxygène dissous sont des facteurs clés pour garantir des poissons forts et en bonne santé.

L’observation du comportement alimentaire direct des poissons donne également des informations sur le bien‑être des poissons. Si les poissons viennent toujours à la surface de l’eau lorsque l’éleveur répand la nourriture, cela indique qu’ils se sentent bien. S’ils ne viennent pas pendant l’alimentation, cela peut être un indice que quelque chose ne va pas. Dans ce cas, l’éleveur doit arrêter de nourrir les poissons pendant un ou deux jours et examiner certains poissons individuellement. Les poissons capturés doivent alors être examinés à la recherche d’ectoparasites et leurs branchies examinées à la recherche de vers parasites.

Lors du contrôle de l’état de santé des poissons, les critères suivants doivent être examinés :

forme normale et absence de poisson maigre (corpulence bien équilibrée),
réflexe de rotation de l’œil quand on sort le poisson de l’eau,
aucun dommage aux écailles et aux nageoires,
pas d’ectoparasites (crustacés parasites) à la surface du corps,
branchies rouges sans vers parasites.

Si des problèmes de santé sont constatés, il faut agir immédiatement. Les ectoparasites peuvent être traités par des bains de sel (solution salée à 2 ou 3 %) pendant 20 minutes. En cas de forte mortalité dans un ou plusieurs des étangs, l’éleveur doit demander l’aide d’un laboratoire de microbiologie pour en trouver la raison. Il est fort probable que les poissons aient besoin d’un traitement médicamenteux avec l’aide d’un vétérinaire.

Séparation des différentes tailles de poissons

La plupart des poissons ont tendance à présenter des tailles différentes plusieurs semaines après l’empoissonnement initial. Certains poissons sont dominants et obtiennent plus de nourriture et grandissent plus vite, puis deviennent encore plus dominants, donc obtiennent encore plus de nourriture et grandissent plus vite. Les poissons plus petits n’ont donc que rarement l’occasion de les rattraper. Pour remédier à ce problème, les poissons peuvent être triés ou classés une ou deux fois pendant la période d’alevinage et la période de grossissement. Dans la pratique, cela se fait au moyen d’une senne sélective dont les mailles ne retiennent que les plus gros poissons. Pour ce faire, la senne sélective doit être tirée trois fois dans l’étang. Une autre possibilité pour classer les poissons est de prendre tous les poissons de l’étang et de les trier à l’aide d’une grille. Si le fermier ne peut pas travailler sur une digue entre deux étangs, il doit travailler rapidement et a besoin de grandes bassines ou d’une brouette.