Lutte efficace contre les ravageurs dans la production de riz biologique
Le riz n’est pas très sensible à de nombreux ravageurs, à l’exception des foreurs des tiges dont l’effet diffère selon les régions. Même lorsque le riz est attaqué par des ravageurs, ceuxci ne peuvent pas causer de perte de rendement significative malgré les dommages causés à la plante. Le riz peut très bien se rétablir et donner plus ou moins le même rendement que la culture non endommagée. Les recherches et les observations ont montré qu’il n’y a pas de relation directe entre les dommages modérés et la perte de rendement, comme l’ont démontré les essais réalisés avec des agriculteurs dans le cadre de nombreux programmes de formation à la lutte intégrée contre les ravageurs. Ces essais montrent que jusqu’à 30 à 40 % de dommages aux feuilles et 10 à 20 % de dommages aux talles n’entraînent aucune perte de rendement, car le riz est capable de compenser la perte de feuilles et de talles.
Cependant, les foreurs des tiges peuvent être dévastateurs dans le riz s’ils ne sont pas correctement gérés et peuvent retarder la floraison et le moment de la récolte et réduire les rendements : de tels cas ont été signalés en particulier en Afrique de l’Ouest. Les foreurs des tiges attaquent les panicules et provoquent des pousses mortes.
En général, les ravageurs du riz peuvent être classés en trois groupes principaux, en fonction du stade du cycle de croissance du riz où ils sont le plus susceptibles d’attaquer :
a. Les ravageurs des plantules, qui attaquent les plantules pendant les premiers stades de la culture du riz, comprennent la cécidomyie du riz, les escargots, les crabes et les thrips.
b. Les ravageurs qui se nourrissent des feuilles et des talles sont les cicadelles suceuses et les foreurs des tiges. Ils percent les talles et comprennent Chilo zacconius (foreur rayé), Marliarpha spp. (foreur blanc), Scirpophgaga spp. (foreur jaune), Sesamia calamistis (foreur rose), communs dans les rizicultures de plateau, et Diopsis thoracica (mouche aux yeux écartés) et Orselia oryzivora (cécidomyie africaine du riz) communs dans rizicultures des basfonds.
c. Les ravageurs du riz en cours de maturation sont les oiseaux, les rats et les insectes (punaise, punaise du riz, cochenille et charançon du riz). Alors que les punaises restent sur les jeunes panicules et sucent le jus laiteux, ce qui provoque la coloration des grains (et en diminue la qualité), les rongeurs (par exemple les rats) coupent le plant de riz et se nourrissent des parties molles et des grains mûrs. Les oiseaux se nourrissent du grain en cours de remplissage ainsi que des grains mûrs.
Il existe de nombreuses méthodes préventives de gestion des ravageurs du riz qui se sont avérées très efficaces, et la lutte directe contre les ravageurs est donc rarement nécessaire. Certaines des méthodes populaires et largement utilisées dans les systèmes de culture biologique sont les suivantes :
Une bonne préparation de la terre, au cours de laquelle tous les matériaux restants après la récolte sont enfouis dans le sol, minimisera l’incidence de la plupart des ravageurs, en particulier les foreurs des tiges, car ils sont couverts et tués dans le sol. Un bon espacement des plants permet également au soleil de pénétrer dans la partie basale des plants de riz, ce qui réduit les conditions de fraîcheur et d’humidité qui favorisent la croissance des ravageurs.
La plantation en mosaïque peut être obtenue en cultivant sur la même terre, en même temps, différentes variétés de riz dont les modes de croissance et la résistance aux ravageurs et aux maladies varient, ou par la diversification variétale. La diversification variétale peut être obtenue en plantant au moins trois variétés de riz sur les mêmes champs pour créer une mosaïque de variétés. La résistance différentielle des variétés aux ravageurs et aux maladies permet d’éviter les effets dévastateurs de l’apparition d’un ravageur ou d’une maladie. De même, les variétés dont la durée de maturité des plantes varie en termes de dates de plantation et de récolte peuvent être envisagées pour répartir les besoins en main-d’œuvre sur l’exploitation.
La culture intercalaire a un fort potentiel en tant que méthode de lutte contre les principaux foreurs des tiges du riz. Le maïs est une culture piège appropriée pour les foreurs des tiges. La culture en bandes de quatre rangs de maïs alternant avec un nombre égal de rangs de plants de riz (NERICA) s’est avérée efficace dans la lutte contre les foreurs des tiges.
Une bonne gestion de l’eau dans les systèmes de basfond irrigué, surtout si le niveau de l’eau peut être élevé jusqu’à 10-15 cm pour qu’elle puisse noyer et lessiver les vers, les punaises ou les cicadelles pendant le drainage.
Les oiseaux constituent un problème dans la plupart des zones de riziculture, mais il est possible de les lutter efficacement conter eux. Ils font le plus de dégâts tôt le matin et tard le soir. Avec une surveillance et un effarouchement quotidiens, les dommages causés seront réduits de manière significative. Les effrayer en suspendant de vieilles boîtes de conserve dans le champ pour faire du bruit, en utilisant des épouvantails, des catapultes ou en protégeant le champ avec des filets s’est avéré efficace dans une certaine mesure. Tirer sur les oiseaux pour les tuer de même que les piéger ne sont pas des pratiques favorables à l’écosystème. Elles ne sont donc pas recommandées en agriculture biologique.