Stratégies de diversiﬁcation dans la production de millet

Il existe de nombreuses façons de diversifier un système de culture de millet. On peut y parvenir en cultivant différentes espèces ou variétés de millet, ou en cultivant le millet avec d’autres cultures – en rotation ou en mélange.

Diversiﬁcation variétale

Le millet présente un large éventail de périodes de maturité. Certaines variétés arrivent à maturité en 60 à 80 jours seulement (courte durée), tandis que d’autres mettent environ 100 jours (moyenne durée) pour arriver à maturité. Les variétés de longue durée peuvent prendre jusqu’à 180 jours pour arriver à maturité à partir du semis. La culture de variétés à courte durée réduit le risque de mauvaises récoltes. Dans les régions où il y a deux saisons des pluies, le millet peut être cultivé pendant les courtes pluies. Lorsque les précipitations sont sufﬁsantes, la double culture est possible après le millet à courte durée.

Cultures mixtes

Dans les systèmes de culture traditionnels, le millet est le plus souvent cultivé avec d’autres cultures. La raison se trouve dans les nombreux avantages associés à la culture mixte tels que des rendements totaux plus élevés et plus sûrs, une meilleure utilisation des ressources, et des avantages culturaux tels qu’une lutte plus efficace contre les mauvaises herbes et une meilleure protection des sols. En Afrique de l’Ouest, le millet perlé est souvent cultivé en association avec d’autres céréales comme d’autres millets ou le sorgho, ou avec des légumineuses comme le niébé ou l’arachide. Les schémas de cultures intercalaires varient en fonction du régime pluvial et d’autres facteurs tels que les préférences des cultures. Les légumineuses et le millet intercalés sont généralement semés en rangs alternés. Dans le cas du niébé, la culture de deux rangs de millet et de quatre rangs de niébé s’est avérée plus productive que l’alternance de rangs simples des deux cultures. Les périodes de semis, les variétés et les modèles de culture doivent être choisis de manière à éviter la concurrence de la légumineuse pour l’eau, les nutriments et la lumière. Le niébé peut être semé deux à quatre semaines après le millet. Des saisons de croissance plus longues offrent de plus grandes possibilités d’adaptation du système. La culture intercalaire du millet avec une légumineuse tolérante à la sécheresse augmente en général la productivité des deux cultures par rapport à la culture d’une seule plante.

La culture de rangées d’arbres ﬁxant l’azote augmente la diversité du système de culture, tout en offrant un fourrage supplémentaire et hautement nutritif pour le bétail, en enrichissant et en protégeant la couche arable avec les feuilles tombées pendant la saison humide, en ﬁxant l’azote sur ses racines et en puisant des nutriments dans les couches profondes du sol. Tous ces effets contribuent à l’amélioration des rendements du millet. Bien que le millet préfère les conditions non ombragées, il proﬁte de l’amélioration de l’approvisionnement en azote et des conditions du sol à proximité des arbres. Le stress dû à la sécheresse, la carence en phosphore et l’augmentation des dégâts causés par les oiseaux (hébergés par les arbres) peuvent cependant limiter les avantages de la diversiﬁcation du système agricole avec les arbres.

Discussion sur les stratégies de diversiﬁcation dans la production de mil.

Demandez aux agriculteurs s'ils connaissent d'autres méthodes (indigènes) pour améliorer les rendements et réduire les pertes de mil. Laissez-les identifier toute autre pratique qui, selon eux, peut contribuer à une production accrue et meilleure du mil. Guidez la sélection des pratiques appropriées en fonction de l'applicabilité locale et de l'accessibilité financière.

Rotation des cultures

Le millet perlé pousse bien après une légumineuse ou une culture de racines. La rotation du millet avec des légumineuses permet de cultiver la légumineuse à une densité plus élevée qu’il n’est possible dans un système de culture intercalaire. Selon les espèces choisies, leur taux de ﬁxation de l’azote et leur utilisation (alimentation du bétail, incorporation dans le sol comme engrais vert, grains pour la consommation humaine), les légumineuses cultivées avant le millet auront un impact plus ou moins positif sur le rendement de la culture de millet suivante. La rotation (et dans une moindre mesure la culture intercalaire) du millet avec des légumineuses réduit en outre l’infestation de l’adventice parasite striga, une mauvaise herbe du millet. La rotation du millet avec la jachère, qui est une autre possibilité de diversiﬁcation traditionnellement utilisée, contribue également à une meilleure croissance du millet, mais en général n’améliore pas substantiellement la fertilité du sol, et la régénération de la fertilité du sol est plus lente sous jachère naturelle.

Pour plus d’informations sur la rotation des cultures, voir la section sur la gestion de la fertilité des sols.

Discussion sur les cultures de rotation et les cultures mixtes et les cultures mixtes

Déterminer si les agriculteurs pratiquent les rotations prévues. Déterminer et évaluer avec eux les cultures appropriées pour la rotation ou la culture mixte. Estimer les potentiels et les contraintes des différentes combinaisons.

Utilisation du millet pour l’alimentation du bétail

Fondamentalement, l’agriculture biologique encourage l’introduction du bétail dans le système agricole, car il transforme la biomasse végétale en produits animaux et fournit du fumier pour les cultures. Mais lorsque la terre est de petite surface et que la croissance des plantes est limitée en raison de la rareté des pluies, il peut être nécessaire de renoncer à l’introduction du bétail, ou bien il peut être nécessaire de retirer le bétail du système agricole pour éviter la concurrence à la production alimentaire humaine et fournir plus de biomasse pour la gestion de la fertilité des sols. Il peut être plus efficace de cultiver moins de terres en appliquant une gestion appropriée de la fertilité des sols sans utiliser la traction animale, que de gérer mal une plus grande surface. Si les chaumes, les feuilles d’arbres et les autres matières végétales sont broutés par le bétail, la biomasse ne sera pas disponible pour la gestion de la fertilité des sols et le sol est laissé plus ou moins nu pendant la saison sèche – créant des conditions défavorables à l’amélioration de la fertilité des sols. Si l’exploitation est gérée sans bétail, l’excédent de légumineuses à graines peut remplacer certains produits d’origine animale et la culture d’une plus grande variété de légumineuses peut améliorer la durabilité du système de culture.

Lorsque les conditions le permettent, le millet perlé peut être cultivé pour l’alimentation du bétail lorsque les animaux ayant des besoins élevés en nutriments sont autorisés à paître sur la culture en croissance : il s’agit par exemple des animaux en croissance, des vaches laitières en lactation ou des veaux. Dans ce cas, le millet perlé peut être utilisé soit dans un système de pâturage continu, soit dans un système de rotation. Pour l’utilisation la plus efﬁcicace du millet perlé, les animaux peuvent être mis au pâturage lorsque le millet perlé a atteint une hauteur d’environ 50 à un peu plus de 60 cm. Les animaux peuvent être autorisés à continuer à paître jusqu’à ce que les plantes de millet perlé aient été réduites à environ 15 à 20 cm de hauteur. Le surpâturage doit être évité si l’on veut que le millet perlé puisse se régénérer pour la prochaine phase de pâturage rotatif.

Outre le pâturage, le millet perlé peut être transformé en foin et en ensilage. En raison de l’épaisseur des tiges de millet perlé, le temps de séchage dans la production de foin est plus long que pour les autres cultures de foin, mais le temps de séchage peut être réduit en écrasant les tiges, si les installations sont disponibles. Les meilleurs moments pour couper le millet sont : première coupe à 60 à 65 jours après le semis, lorsque les plantes ont environ 90 cm de hauteur ; ensuite, à intervalles de 30 à 35 jours. Pour faire de l’ensilage, le millet perlé doit être coupé entre le stade glume et le stade pâteux mou, car cela donne une valeur nutritive optimale à l’ensilage. Les plantes doivent être flétries avant d’être coupées pour le stockage.