Gestion des ravageurs et des maladies

Le cacao peut être affecté par de nombreux ravageurs et maladies, qui se propagent rapidement dans les climats chauds et humides où le cacao est couramment cultivé. Cependant, une bonne compréhension et la mise en œuvre dʼun agroécosystème naturel permettent de lutter efficacement contre les ravageurs et les maladies.

Plusieurs expériences et recherches ont montré quʼil est possible de réduire considérablement les ravageurs et les maladies du cacao uniquement en transformant le système de production en un système agroforestier plus dynamique. Un certain nombre de corrélations ont été observées entre lʼapport de lumière, dʼair, dʼeau et de nutriments au système cacaoyer, dʼune part, et lʼapparition de maladies et de ravageurs dʼautre part.

On a constaté que la plupart des infestations de ravageurs et de maladies se produisent dans les conditions suivantes :

Non-respect de la succession naturelle du système forestier. Issu de la forêt primaire, le cacao supporte bien comme arbres dʼombrage les espèces dʼarbres anciennes de la forêt primaire, mais pas de la forêt secondaire.

Monoculture du cacao avec seulement quelques arbres et espèces dʼombrage.

Forte densité de végétation due à des plantations denses et à lʼabsence dʼéclaircissement et dʼélagage des arbres. Cela crée un environnement humide propice aux ravageurs et aux maladies du cacao.

En général, il est possible de lutter efficacement contre les ravageurs et les maladies par les moyens suivants :

Utilisation de variétés résistantes aux maladies et tolérantes aux ravageurs - Des variétés de cacao tolérantes à la pourriture brune des cabosses et à la maladie virale du swollen shoot existent, notamment en Afrique de lʼOuest. Les instituts locaux de recherche sur le cacao disposent dʼinformations sur leur disponibilité.
Bonnes pratiques dʼhygiène des cultures - Cʼest probablement la méthode la plus importante pour lutter contre les principales maladies du cacao. Toutes les plantes, cabosses et autres parties malades ou infectées doivent être supprimées de la plantation et détruites. En Afrique de lʼOuest, il a été démontré que lʼélimination régulière des cabosses malades pouvait prévenir le développement la pourriture brune des cabosses. Une autre mesure dʼhygiène concerne le matériel de plantation pour lʼétablissement de nouvelles cacaoyères. Pour garantir un matériel de plantation sain, les pousses doivent être prélevées uniquement sur des arbres et des plantations non infestés.
Régulation de la hauteur des cacaoyers, élagage et gestion de lʼombrage - Lʼélimination de certaines branches des cacaoyers et des arbres dʼombrage par lʼélagage et la régulation adéquate de la hauteur des cacaoyers permettent à la lumière de pénétrer jusquʼau centre de lʼarbre et augmentent la circulation de lʼair. Ces deux éléments rendent les conditions défavorables à la pourriture brune des cabosses. Dans cette perspective, lʼélimination des arbres dʼombrage au cycle de vie plus court que celui du cacao à la fin de leur cycle de vie est une mesure importante.
Maintien de la fertilité du sol - Les efforts visant à améliorer la fertilité du sol sont essentiels, en particulier lorsque le cacao est cultivé sur des sols pauvres en nutriments, afin de garantir la santé générale de lʼarbre.
Désherbage adéquat - Le désherbage augmente la circulation de lʼair et réduit lʼhumidité dans la plantation, ce qui diminue lʼincidence des maladies, notamment la pourriture brune des cabosses.

Identification des dommages causés par les ravageurs et les maladies sur le terrain

Visitez des plantations de cacao sélectionnées et identifiez tous les signes observables de dommages causés par des parasites ou des maladies. Demandez aux agriculteurs s'ils connaissent les signes d'infection et s'ils ont surveillé le moment où les ravageurs et les maladies attaquent.

Gestion des ravageurs du cacao

Les ravageurs les plus courants en Afrique sont les mirides ou capsides (Distantiella theobromae et Sahlbergella singularis) et les cochenilles farineuses (Planococcus, Stictococcus). Les cochenilles farineuses posent principalement un problème en tant que vecteurs de la maladie du swollen shoot (cocoa swollen shoot virus ou CSSV). Les mirides (capsides) sont des insectes suceurs qui endommagent les jeunes pousses et les cabosses de cacao, ce qui entraîne une baisse du rendement du cacao. Les piqûres de mirides se caractérisent par des lésions brunes ou noires de la sève, qui sont ensuite la porte dʼentrée de maladies. Les jeunes cacaoyers sont très vulnérables aux attaques de mirides lorsquʼils sont cultivés sans ombrage.

Gestion des maladies du cacao

En Afrique, les principales maladies du cacao sont la pourriture brune des cabosses et la maladie du swollen shoot (CSSV).

a. Maladie du swollen shoot du cacaoyer (CSSV)

Cette maladie est causée par le virus du swollen shoot et constitue un problème majeur dans toutes les régions productrices de cacao. Le CSSV est transmis par des cochenilles farineuses telles que Planococcoides. Les symptômes comprennent le gonflement des racines et des tiges, la chlorose internervaire en bandes rouges des feuilles, le jaunissement des arbres et, en cas dʼattaque virale sévère, la mort des arbres infectés.

b. Pourriture brune des cabosses

Cette maladie est à lʼorigine des plus importantes pertes de rendement du cacao dans le monde. Elle est causée par plusieurs espèces de champignon Phytophthora. Deux espèces (P. megakarya et P. palmivora) sont responsables des plus importantes baisses de rendement de la filière cacao africaine. Bien que les espèces de Phytophthora attaquent toutes les parties du cacaoyer, la principale perte économique provient de lʼinfection de la cabosse. Les cabosses peuvent être infectées à nʼimporte quel stade de développement.

Les symptômes comprennent lʼapparition dʼune petite tache translucide. La tache prend une couleur brun chocolat, puis sʼassombrit et sʼétend jusquʼà ce que la cabosse devienne entièrement noire et se momifie. Les cabosses infectées présentent également à leur surface une sporulation blanche qui devient plus dense à mesure que la maladie progresse.