Bonne gestion sanitaire des animaux
Un animal sain est mieux à même de résister aux maladies été aux infections parasitaires et parviendra à grandir et à produire normalement. Mais la santé et le bien-être des animaux sont aussi affectés par les conditions d’hébergement et d’affouragement, par les traitements reçus de la part de l’homme et par leur exposition directe aux parasites et aux pathogènes.
Visite sur le terrain pour discuter de la gestion de la santé animale
Emmenez les agriculteurs dans une ferme d'élevage voisine et laissez-les identifier toutes les causes possibles d'infections pouvant affecter la santé des animaux. Discutez des mesures de prévention et de traitement possibles.
Causes de mauvaise santé des animaux
La mauvaise santé des animaux peut avoir différentes causes :
- Une alimentation insuffisante et de mauvaise qualité affecte la santé des animaux et leurs performances mais aussi leur résistance aux maladies infectieuses. Elle entraîne en outre des troubles métaboliques tels que l’acidose, la fièvre de lait, l’acétonémie, la météorisation chez les bovins en raison de déséquilibres dans l’apport de sels minéraux, de vitamines, de protéines et d’énergie.
- Une mauvaise hygiène des logements animaux est propice à la multiplication de nombreux parasites et autres organismes pathogènes. Une source très fréquente d’infections est la présence de mangeoires souillées par des fèces animales.
- Les endoparasites tels que les nématodes et autres vers, de même que les ectoparasites comme les poux, les tiques et les mites provoquent des infections qui réduisent la consommation des animaux et la vitesse à laquelle leur corps dégrade la nourriture pour faire fonctionner ses divers organes. Il en résulte un amoindrissement du gain de poids, de la production et des performances reproductives des animaux.
- Les blessures infligées aux animaux par de mauvais traitements ou par leur exposition à des matières dangereuses telles que du verre ou du métal peuvent provoquer des infections et donc affaiblir les animaux.
- Les pathogènes (organismes provoquant des maladies) et les parasites qui peuvent être transmis lors de déplacements d’animaux, d’humains, d’équipements ou encore de matériels infectés d’un troupeau ou d’une ferme à l’autre.
L’approche en trois phases
En élevage biologique, la gestion de la santé animale peut être vue comme un système à trois phases incluant une multitude d’outils :
- Mesures de la 1re phase : la première phase consiste à prévenir l’introduction et la multiplication des infections.
- Mesures de la 2e phase : la deuxième étape consiste à offrir de bonnes conditions de développement aux animaux afin d’augmenter leur immunité et résistance naturelles aux infections.
- Mesures de la 3e phase : la troisième phase est celles des mesures directes (traitements) visant à tuer les parasites et autres organismes responsables de la maladie.
Chacune de ces phases sert de base à la prochaine. Le but est d’optimiser les phase 1 et 2 pour minimiser l’introduction et la propagation d’infections et favoriser l’immunité naturelle et renforcer la santé et la résistance des animaux. Ce faisant, on réduit d’autant les mesures à prendre ou les traitements à prescrire au niveau 3. L’application correcte des mesures des niveaux 1 et 2 permet normalement de réduire considérablement les interventions directes. Cette approche permet de réaliser des économies et prévient certains effets négatifs des traitements sur les animaux et la nature.
Mesures de gestion préventive de santé animale (mesures de la 1re phase)
En bio, la gestion des animaux est basée sur les mesures de précaution et de prévention. Ces mesures comprennent :
- La sélection de races bien adaptées aux conditions locales : La race des animaux est le point de départ de toute réussite de la gestion biologique de la santé animale. Il faut en effet choisir uniquement des races adaptées aux conditions locales en matière de besoins alimentaires, de conditions climatiques, ainsi que de tolérance aux parasites et aux maladies communes. Cette mesure a l’avantage de minimiser les frais de gestion et le risque de pertes d’animaux par décès.
- Mesures de quarantaine: Tous les animaux nouvellement introduits dans la ferme doivent recevoir de bons traitements et être isolés un certain temps afin de pouvoir surveiller de plus près leur statut sanitaire. Tout mouvement de matériel, fumier et équipements inclus, doit être interdit dans les zones ou fermes en question jusqu’à ce que leur statut sanitaire puisse être considéré comme sûr. Les visiteurs se rendant dans ces fermes doivent aussi se désinfecter les pieds avant de pénétrer dans les locaux des animaux ou sur leurs aires de pâture, dans le but de minimiser le risque de transfert d’infections.
- Surveillance régulière des animaux : Il est important d’observer attentivement les animaux pour pouvoir identifier et traiter les infections avant qu’elles n’empirent ou ne se transmettent à d’autres animaux. C’est pourquoi les paysans bio tiennent un registre de leurs observations journalières ou du moins régulières, car celles-ci les aideront a interpréter les signes et causes possibles de maladies ou de blessures. Les signes de maladie peuvent être une perte d’appétit qui se traduira par une consommation plus faible de nourriture et d’eau, par une perte de productivité telle que la baisse de la production de lait ou d’œufs, par une apathie décelable à un manque de vitalité, à une tête pendante ou à un mouvement anormal, une excrétion anormale des orifices corporels, de difficultés respiratoires se traduisant par une respiration rapide, pénible, de la toux ou des halètements, ou l’inflammation des muqueuses buccales, de la conjonctive ou des lèvres de la vulve dont la membrane peut, chez les bovins, être pâle ou sèche. D’autres signes sont une augmentation ou une baisse de la température corporelle, des excrétions anormales, trop dures ou au contraire, trop aqueuses ou encore recouvertes de mucus ou sanguinolentes. Les animaux fortement infestés de vermine peuvent être isolés et, en dernier recours, abattus pour éviter la transmission de l’infection aux autres bêtes. La viande ne doit être consommée que si la température de l’animal était normale au moment de l’abattage et si l’on n’observe pas d’anomalie dans la viande. Sinon, il faut élimine la viande en l’enterrant.
- Vaccination :
La vaccination est recommandée, tout particulièrement contre les maladies difficilement soignables ou impossibles à soigner causant des pertes importantes suite à une mortalité élevée. Les maladies de ce type sont par exemple la fièvre aphteuse, l’anthrax, les pneumonies, la fièvre porcine africaine ou encore la grippe aviaire. Pour la certification, l’usage des vaccins est une pratique que les règles de la bio demandent de limiter. Cela signifie qu’on en décourage l’usage routinier et qu’ils ne sont autorisés que s’il est démontré par le paysan bio qu’une maladie donnée est endémique dans la région ou sur l’exploitation ou lorsque la vaccination est légalement obligatoire, respectivement recommandée par le vétérinaire. Les certificateurs bio exigeront donc une attestation écrite d’un vétérinaire confirmant la présence ou le risque d’infection par un pathogène donné. Le vaccin ne doit de plus pas inclure de composants ou produits dérivés d’organismes génétiquement modifiés. Dans ces conditions, la vaccination ne constituera pas un obstacle à la certification et ne nécessitera pas de mise en quarantaine ; les traitements en question doivent cependant être documentés dans un registre.
Offrir de bonnes conditions de développement (mesures de la 2e phase)
La gestion bio des animaux est par ailleurs axée sur l’offre de bonnes conditions de développement dans le but de renforcer l’immunité et la résistance naturelles des animaux aux infections, ce qui inclut une alimentation équilibrée, un hébergement de qualité et des traitements respectueux des animaux.
Même si la résistance et la tolérance naturelles des animaux aux maladies infectieuses varient d’un individu à l’autre, les paysans peuvent l’améliorer. Les jeunes animaux développent cette faculté en consommant du colostrum, avant tout durant les 6 premières heures suivant la naissance, car il contient des anticorps. On ne recommande pas l’administration routinière d’antibiotiques aux animaux bio, car ces antibiotiques interfèrent avec la faculté normale de l’animal à développer sa résistance naturelle aux infections. Et à long terme, les agents pathogènes tendent à développer une résistance contre ces médicaments.
- Nutrition appropriée : L’affouragement des animaux doit leur assurer un régime alimentaire équilibré, avec de bonnes proportions de fourrage frais et de bonne qualité, additionnée chez les ruminants de quantités modestes de concentrés et des sels minéraux pour prévenir les carences. Il faut éviter d’affourager d’aliments potentiellement vénéneux tels que la pomme épineuse (Datura stramonium), des aliments moisis ou encore des déjections de volailles, du fumier ou d’autres engrais. Les pâtures doivent également être gérées correctement, avec des rotations adéquates pour éviter la prolifération de parasites internes transmis sur pâturage, tels que les nématodes gastrointestinaux.
- Hébergement et installations sanitaires adéquates : Le nettoyage régulier des logements animaux, des mangeoires et des abreuvoirs ainsi que de leurs environs aide à réduire les risques sanitaires. Il faut régulièrement composter les excréments et tout ce qui n’est pas compostable doit être collecté correctement et incinéré ou entreposé pour éviter de créer de sources potentielles de danger pour les animaux.
- Éviter les situations stressantes : Les paysans bio tentent dans la mesure du possible de minimiser le stress physique et psychique des animaux pour favoriser leur bien-être et un développement normal. Le stress affaiblit le corps des animaux et les rend plus vulnérables aux infections ; parfois, il peut même directement endommager leurs organes. Le stress peut entre autres être causé par les conditions météorologiques, qu’il s’agisse d’excès de chaleur, de rayonnement solaire, de pluie ou de vent mais aussi par un confinement des animaux les empêchant d’exprimer leurs besoins comportementaux fondamentaux comme de marcher, galoper, voler ou se reposer. Les traitements brutaux, les coups infligés, les attaches trop rigides et la privation d’accès suffisant à la nourriture et à l’eau sont autant d’autres facteurs de stress. Si on traite les animaux avec douceur, on en fait des animaux dociles, calmes et sains.
Contrôle direct et traitement des infections (mesures de la 3e phase)
Si dans l’élevage biologique on privilégie les bons soins et les pratiques préventives comme méthodes pour maintenir la santé du cheptel, on y reconnaît toutefois que ces mesures sont parfois insuffisantes pour protéger les animaux de la maladie. En cas de maladie, on peut donc appliquer des traitements à base de médicaments chimiques et d’antibiotiques. Cependant, de tels traitements doivent s’accompagner de mesures adéquates d’isolement, tout particulièrement dans les élevages bio certifiés. Le recours à ce genre de traitements n’entraîne pas le retrait de la certification ; il faudra cependant retirer ces animaux de la vente ou attendre avant de les abattre que soit écoulée une période de retrait double de la période de retrait obligatoire prescrite par la loi pour la substance en question. Pendant un certain temps, les produits d’animaux traités de la sorte ne peuvent pas être commercialisés comme produits bio.
Il existe aussi des remèdes à base de plantes et des traitements traditionnels pour traiter les animaux. Ils sont faciles à se procurer et bon marché. Ce sont entre autres :
- Des additifs alimentaires telles que vitamines et sels minéraux.
- Des vermifuges végétaux à base d’ail, de pépins de courge ou d’armoise (Artemisia spp.), que l’on peut ajouter aux aliments pour gérer les nématodes gastrointestinaux ainsi que les parasites installés dans les poumons ou dans le foie.
- De l’huile de graines de margousier, du tephrosia ou du pyrèthre pour lutter contre les tiques.
En cas d’inefficacité des traitements bio, les paysans doivent toutefois protéger le bien-être de leurs animaux en recourant à des traitements conventionnels.
Discussion sur le traitement vétérinaire des infections
Demandez aux agriculteurs quels sont les symptômes des infections courantes dans la région qui sont normalement traitées par des médicaments vétérinaires. D'où proviennent ces médicaments et qui les administre ?
Gestion des tiques et autres parasites externes
Les parasites externes des régions tropicales sont essentiellement les poux et les acariens, mais aussi les tiques. Celles-ci attaquent presque tous les types d’animaux, y compris la volaille. Elles en boivent le sang, ce qui peut causer une gêne ou dans les cas extrêmes, provoquer de l’anémie et donc affecter le développement des animaux. Elles peuvent aussi transmettre des maladies ou provoquer des dommages cutanés.
Il existe principalement deux types de tiques, les tiques molles et les tiques dures. Les tiques molles ou argasidés se distinguent par un corps mou et par leurs pièces buccales se trouvant sur la face inférieure d’un corps massif. Elles se nourrissent rapidement et gonflent comme des ballons quand elles sont gorgées de sang. Les tiques dites dures, les ixodidés, sont dotées d’une plaque dure sur leur face supérieure et elles utilisent leurs pièces buccales terminales pour percer et s’attacher à l’hôte. Elles s’alimentent lentement et leur repas s’étend sur plusieurs jours.
D’autres parasites externes tels les puces sont très désagréables pour les animaux et peuvent véhiculer des maladies d’un troupeau à un autre.
Cycle de vie des tiques
Il existe des tiques à un, deux et trois hôtes. Les tiques des espèces à un seul hôte passent tous leurs stades et muent sur un seul et même hôte. Elles pondent ensuite leurs œufs sur le sol. Chez les tiques à deux hôtes, larves et nymphes vivent sur le même hôte, mais les adultes vivent et se reproduisent sur un hôte différent. Chez les espèces à trois hôtes, chaque stade cible un hôte différent, les œufs étant finalement pondus au sol. La majorité des tiques ont trois hôtes. De même espèce ou non. La tique des moutons (Ixodes ricinus) se nourrit en principe une fois par stade et sur des hôtes pouvant appartenir à de nombreuses espèces différentes. C’est ce qui en a fait une des principales tiques infectant le bétail, les animaux domestiques et les humains. Les espèces hôtes sont : souris, rats, écureuils, reptiles, bovins, chevaux, moutons, porcs, chiens, chats et humains.
Le cycle de vie des tiques comprend 4 stades : œuf, larve, nymphe et adulte. Au sortir de l’œuf, la larve se cherche un hôte, s’y nourrit et tombe à terre, mue et se transforme en nymphe. La nymphe se met à la recherche d’un nouvel hôte, s’y nourrit, tombe à son tour et mue et se transforme en tique adulte. Les adultes (mâles et femelles) cherchent un nouvel hôte, se nourrissent, tombent à terre, s’accouplent, puis les femelles pondent sur le sol. Les tiques diffèrent par la durée de leur cycle de vie et par le nombre d’hôtes que ce cycle comprend.
Recommandations aux paysans concernant la gestion correcte des tiques et des autres ectoparasites :
Il existe une série de mesures permettant de maîtriser durablement les tiques et les autres parasites externes :
a. Sélection d’animaux peu sujettes aux tiques, par exemple des races adaptées aux conditions locales.
b. Observation attentive et surveillance des animaux pour bien identifier les infestations à un stade précoce, de manière à pouvoir agir rapidement.
c. Piégeage des parasites au moyen de trappes placées à des endroits stratégiques autour des parcs ou des aires de repos.
d. Utiliser des mesures de lutte biologique, par exemple en laissant les poules du voisinage picorer autour des parcs et donc de manger les tiques.
e. Les traitements bio sont essentiellement des agents répulsifs. Exemples : sulfure de calcium, huile de margousier (neem) ou d’eucalyptus (E. globulus) ou encore pyrèthre naturel. Contre les tiques, on peut aussi utiliser des préparations végétales à base de tephrosias, de Lantana camara, de Tagetes minuta et d’Azadirachta indica. Les feuilles d’eucalyptus ajoutés à la litière des animaux repoussent elles aussi les tiques et les autres parasites externes. De nombreuses autres plantes médicinales locales peuvent être utilisées pour traiter les animaux, on peut partager ses expériences avec d’autres éleveurs ou avec des vulgarisateurs locaux.
Principes de base pour la préparation de produits d’herboristerie :
- Cuire 1 kg de feuilles pendant 30 minutes dans 10 litres d’eau.
- Laisser refroidir la préparation.
L’appliquer sur les animaux à l’aide d’un balai ou d’une brosse à raison d’environ 5 litres par animal. On peut aussi la sprayer au moyen d’un pulvérisateur à dos à condition de l’avoir bien filtrée auparavant. Il est en outre possible d’y ajouter un peu de poudre de savon pour que la préparation adhère au corps de l’animal. Il peut exister des recommandations spécifiques pour certaines préparations botaniques.
f. L’installation de doubles clôtures, surtout du côté des fermes voisines, peut aider à prévenir la dispersion de tiques et de poux provenant d’animaux voisins infestés.
g. Une bonne gestion des pâturages et du broutage, avec des interruptions appropriées de plus de 3 mois pour les animaux âgés et des interruptions jusqu’à 6 mois pour les jeunes animaux, permet de briser le cycle de vie de la plupart des parasites externes et de réduire la pression des nuisibles. Les changements fréquents de parcs, voire le changement des espèces sur une même parc, aident aussi à réduire la pression des parasites.
Gestion des parasites internes
Les parasites internes, communément appelés « vers », peuvent affecter sérieusement la production et la santé des animaux que l’on met à brouter. Les jeunes animaux, dont le système immunitaire est encore faible, sont particulièrement à risque. La plupart des parasites internes se transmettent sur les pâturages, où les animaux s’infectent en les ingérant avec l’herbe. Une fois dans l’animal, ces vers se mettent à pondre des œufs. Il en sort des larves, qui infecteront les aux autres animaux via les excréments. Plus la charge au pâturage est élevée et moins il y a de pauses entre les périodes de pâture, plus l’incidence des infestations sera élevée. La plupart des paysans ont toujours beaucoup utilisé de médicaments antiparasitaires (vermifuges) dits « antihelminthiques » pour lutter contre les parasites internes de leur bétail, mais à long terme, l’utilisation de ces médicaments a induit des résistances. Les paysans bio doivent donc de manière générale éviter d’y recourir et de le faire uniquement en cas de nécessité, dépendant de la gravité de l’infestation, et seulement si les pratiques et les substances autorisées en bio ne parviennent pas à enrayer l’infestation. Exemples de parasites internes communs : chez les bovins se sont les capillaires (vers vivant dans l’estomac ou dans les intestins), les strongles, les douves et les coccidies. Chez les moutons et les chèvres, les vers gastrointestinaux (vers ronds, nématodes, vers parasites de l’estomac), les ténias, les douves et les coccidies sont communs. On trouve fréquemment chez le porc les grands vers ronds (ascaris), œsophagostomose, ver du poumon, vers de l’estomac, les nématodes et les vers rénaux géants. Nous parlerons uniquement dans ce manuel de la grande douve du foie et des nématodes gastrointestinaux.
Grande douve du foie (Fasciola hepatica ou Fasciola gigantica) : La grande douve du foie est un trématode plat dont la forme rappelle une feuille et qui parasite de nombreuses espèces de mammifères, être humain inclus. En production animale, ils parasitent surtout les ruminants (moutons, chèvres, bovins). Le cycle de vie des douves inclut un hôte principal et un hôte intermédiaire, en l’occurrence un gastéropode d’eau douce. Les douves adultes colonisent le foie de l’hôte principal et y produisent des œufs qui, via le conduit biliaire et l’intestin, passent dans l’environnement avec les fèces. Dans l’œuf se développe un stade intermédiaire, la miracidie. Une fois éclose, celle-ci infeste des gastéropodes d’eau douce, d’où sortent après environ 24 heures, des cercaires (autre stade intermédiaire). Les cercaires quittent le corps du gastéropode, continuent leur développement puis migrent vers un pâturage proche, où elles sont avalées par l’hôte principal. Elle y devient une petite douve, qui migre vers le foie où elle passe au stade adulte. Les hôtes intermédiaires, les gastéropodes, vivant en eau douce, la mesure de prévention la plus efficace est d’éviter la pâture des animaux près de l’eau.
Nématodes gastro-intestinaux (NGI) : Ce sont des vers parasites vivant dans l’intestin grêle et la caillette des ruminants. Leur cycle de vie ne comprend pas d’hôte intermédiaire. Les œufs sont excrétés avec les fèces. Dans ces fèces éclosent de premières larves (L1), qui se développent en larves infectieuses de 3e stade (L3). Celles-ci quittent les fèces et migrent vers les herbes du pâturage, où les ruminants s’infectent en broutant, par ingestion de larves L3.
Recommandations pour la prévention : les larves L3 des NGI ayant besoin d’herbe humide ou tout au moins de rosée pour se déplacer sur l’herbe et donc être ingérées par le ruminant, on peut donc prévenir l’infection en faisant paître les animaux uniquement sur des pâturages secs.

Recommandations d’ordre général pour les paysans désireux de bien gérer les parasites internes :
En production bio, la lutte contre les parasites internes est basée sur le respect de bonnes pratiques de gestion et la réduction du risque d’infection basée sur une bonne alimentation et un niveau minimum de stress. Les mesures pratiques suivantes ont prouvé leur utilité :
- Bonne gestion des pâturages afin de briser le cycle de reproduction des parasites. Il convient de déplacer les animaux vers des pâturages propres, spécialement après les pluies, quand les parasites se multiplient activement. On peut labourer les vieux pâturages pour exposer les œufs et les larves au soleil et à la chaleur et y installer des cultures ou les affecter à d’autres espèces animales.
- Une bonne alimentation des animaux aide à maintenir les animaux forts et en forme, capable de supporter la présence de parasites internes.
- Une planification soigneuse du pacage est très important pour bien maîtriser les parasites, par exemple au moyen d’un systèmes de parcs à pâturer en rotation. Les animaux plus âgés, moins délicats, devraient être mis à pâturer dans le système de rotation après les animaux plus jeunes. En diminuant le nombre d’animaux présents sur une surface à pâturer et en respectant bien le principe de rotation, on peut aussi largement réduire la densité parasitaire.
- Certaines plantes fourragères comme Sericea lespedeza ont fait preuve de bonnes propriétés antihelmintiques. En affourageant des lespédézas aux moutons et aux chèvres on parvient à réduire substantiellement l’occurrence des parasites internes tels que les nématodes gastrointestinaux. Le fait de vermifuger les animaux au moyen de plantes fourragères est très avantageux parce que les animaux sont à la fois convenablement alimentés et traités.
- Certains paysans ont utilisé des traitements bio tels que des infusions à base de produits naturels (ail, mélasses, huiles végétales, produits à base d’Aloe vera, etc.). L’administration de sulfate de cuivre (CuSO4) très dilué est permise en bio, mais il existe aussi d’autres substances, admises au gré des différentes normes de la Bio.
Autres pratiques d’élevage en production animale
Il faut réduire le plus possible les pratiques infligeant des douleurs aux animaux, notamment la castration, le marquage, l’écornage, le débecquage des poulets et l’équeutage. Certains règlements bio interdisent l’écornage, le débecquage et l’équeutage.
Il est important d’avoir de bonnes relations entre les animaux et les humains. Des manipulations fréquentes, en douceur, le fait de leur parler rendent les animaux dociles et les calme ; on peut alors les traiter, les déplacer ou les manier sans stress, sans bruit inutile et sans blessures.
Il faut veiller à la propreté et au bon fonctionnement de tous les outils et équipements techniques utilisés en relation avec les animaux, râteliers, clôtures, puits et outils pour les mutilations, car un mauvais fonctionnement peut entraîner des blessures.