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Gestion des ravageurs et des maladies lors du stockage des grains

Les agriculteurs, notamment les petits exploitants en Afrique subsaharienne, utilisent souvent des techniques post-récolte médiocres en matière de conservation des grains. Certaines de ces méthodes exposent fortement les grains stockés aux insectes ravageurs et aux maladies, causant d’importantes pertes. Certaines infections sont dangereuses pour la santé humaine, parce que les champignons en cause produisent des mycotoxines (aflatoxine, patuline, etc.). Ces toxines restent dans les produits stockés sous forme de résidus et sont très stables. Elles ne peuvent être détruites ni par ébullition, ni par pression, ni par transformation. Autrement dit, les produits infectés doivent être détruits. Les espèces les plus importantes appartiennent aux genres Aspergillus et Penicillium. Les champignons s’attaquant aux produits stockés nécessitent une humidité relative d’au moins 65 % pour se développer, ce qui équivaut à une teneur en humidité de 13 % dans les grains. Ils se développent à une température comprise entre 1 °C et 40 °C. L’infection par certaines espèces de champignons peut déjà se produire dans le champ, réduisant considérablement la durée de conservation des grains.

Comme les agricultrices et agriculteurs biologiques ne sont pas autorisés à utiliser des pesticides de synthèse pour réguler les ravageurs et les maladies, dans le présent chapitre, l’accent est mis sur les bonnes techniques de conservation, décrites ci-après.

Évaluation des problèmes de parasites des céréales après la récolte

Évaluez la situation locale en matière de stockage des céréales en posant les questions suivantes aux agriculteurs :

Quels types de céréales cultivez-vous habituellement ? Les stockez-vous ?

Quels sont les principaux parasites et maladies liés au stockage ?

Laissez les participants partager leurs expériences sur la façon dont ils contrôlent les infections.

Mesurespréventives contre les ravageurs et maladies des stocks

Différentes mesures facilitent le stockage sûr des grains. Parmi les plus importantes, on distingue un bon battage, un bon décorticage et un bon séchage. À toutes les étapes de traitement, une bonne hygiène et une exposition minime à l’humidité sont importantes pour une gestion efficace des ravageurs et des maladies lors du stockage. Si les produits sont déjà contaminés ou exposés à l’humidité, on ne pourra pas bien les stocker, même dans les meilleures conditions. Le stockage en lui-même peut être effectué dans différents types de greniers, silos et autres conteneurs.

Outil 1: Un bon séchage

Le séchage constitue un processus important dans la protection des grains lors du stockage. Il évite que les grains ne germent et prévient les infections fongiques. Tout de suite après la récolte, tous les grains doivent être séchés jusqu’à atteindre une teneur en humidité comprise entre 12 et 13 % en vue d’être stockés convenablement. La chaleur utilisée pour le séchage des produits tuera les ravageurs et les champignons.

Lorsqu’on sèche les grains pour les utiliser en tant que semences, il faut toutefois veiller à éviter la surchauffe. Les températures ne doivent excéder 35 °C pour les haricots, 43 °C pour les graines et 60 °C pour les céréales. Une méthode de séchage très simple consiste à étaler les produits au soleil sur une surface propre pendant plusieurs jours. Les couches de panicules, d’épis, de cosses et de grains ne doivent pas être épaisses et les produits doivent être retournés régulièrement afin d’assurer une aération homogène. Le soir, les produits doivent être soit empilés et couverts soit ramassés pour être étalés de nouveau le jour suivant. Une autre option consiste à utiliser des structures de séchage (séchoirs) simples, en particulier pour les petites quantités.

Outil 2: Un bon battage

Le grain battu peut être plus facilement stocké, ce qui permet d’éviter les pertes dues aux insectes, aux rongeurs et aux maladies. Après la récolte, le riz, le blé, le sorgho, le millet et autres sont souvent battus traditionnellement en battant les gerbes à l’aide d’un fléau en bois sur une natte, une bâche ou une surface pavée. Cette méthode réduit la quantité d’impuretés (sable, cailloux) dans le grain battu. Dans certaines régions, des batteuses motorisées sont utilisées par les coopératives agricoles pour faciliter l’opération. Indépendamment de la méthode de battage utilisée, il importe de réduire au minimum la contamination et de vanner, tamiser ou trier le grain battu avant le stockage pour le débarrasser de toute impureté. Le grain trié doit être mis dans des sacs en jute et entreposé de préférence sur des morceaux de bois ou des palettes et non à même le sol.

Outil 3: Un bon stockage

En Afrique, entre 60 % et 70 % de la production de céréales est stockée dans les fermes ; elle est généralement destinée à la consommation de la famille, mais aussi à la vente et au semis. Les méthodes de stockage doivent être parfaitement adaptées aux conditions locales et prémunir les grains de toute détérioration causée par la pluie, l’humidité, les insectes et les ravageurs vertébrés. Les greniers pour le stockage des grains sont parfois fabriqués en matériaux végétaux ou en argile. Dans le deuxième cas, il convient d’équiper la paroi de grillages/filets métalliques pour favoriser un minimum d’aération.

 

Avant de stocker la nouvelle récolte, il importe de prendre certaines précautions :

  • Enlever tous les stocks résiduels, car des ravageurs pourraient y être cachés.
  • Nettoyer l’intérieur du grenier.
  • Lutter contre les ravageurs en remplissant toute fente capable d’abriter des insectes avec un mortier à base de plantes insecticides en poudre (p. ex. poudre de piment, de pyrèthre et de neem). Brûler des tiges de millet ou de maïs ou de la poudre de piment dans le grenier pour repousser ou tuer les ravageurs. Rester en dehors du grenier pendant que la poudre de piment brûle.

Les silos souterrains, les silos murés et les structures faites d’argile, souvent mélangée à un matériau renforçant, notamment de la paille ou de la bouse de vache, peuvent aussi être utilisés pour stocker les grains. Les silos modernes en métal peuvent représenter une option supplémentaire dans certaines régions d’Afrique. Les bidons en plastique ou en métal font d’excellents conteneurs de grains, dans la mesure où ils sont inaccessibles aux rongeurs, efficaces contre les insectes et scellés contre la pénétration de l’eau. Toutefois, pour éviter la condensation, ils doivent être protégés des rayons solaires directs et d’autres sources de chaleur en étant entreposés dans des endroits ombrageux et bien ventilés. Par ailleurs, il est nécessaire de protéger la récolte contre les ravageurs vertébrés tels que les rongeurs (rats et souris) et les oiseaux. Ceux-ci consomment en effet de grandes quantités de grains stockés et peuvent provoquer de lourdes pertes s’ils ne sont pas maîtrisés. Par conséquent, il est indispensable de bien sceller le grenier pour que les ravageurs vertébrés ne puissent pas y pénétrer. L’introduction de chats dans la ferme contribuera également à éloigner les rats et les souris.

Mesures de contrôle direct pour gérer les ravageurs des stocks

Les principaux insectes ravageurs des denrées stockées peuvent être groupés en deux catégories : les coléoptères et les papillons de nuit. Les ravageurs coléoptères sont : les bruches (bruche du niébé, bruche du haricot, etc.), les capucins des grains (Rhizopertha dominica, Prostephanus truncatus, etc.) les charançons, les triboliums, les dermestes des grains et Carpophilus hemipterus. Les larves et certains coléoptères adultes se nourrissent de graines et de céréales, laissant de petits trous. Souvent, l’on trouve une fine poussière autour des trous ; il s’agit des excréments des coléoptères. Ce dommage rend les graines et les céréales impropres à la consommation humaine et même animale. Les papillons de nuit sont eux aussi des ravageurs des stocks redoutables. Les espèces les plus importantes sont l’alucite des céréales et la teigne des entrepôts. Tous ces ravageurs réduisent la qualité des produits stockés et sont souvent à l’origine d’infections fongiques secondaires en raison de l’humidité accrue due à leur activité.

    Outil 4: Biocontrôle des insectes ravageurs

    L’un des principaux ravageurs des denrées stockées est le grand capucin des grains (Prostephanus truncatus). C’est un ravageur redoutable des épis de maïs stockés dans les greniers ventilés et les hambars (structures étroites de stockage du maïs). Il y a 30 ans, Teretriosoma nigrescens, un coléoptère prédateur, a été identifié au Costa Rica comme un candidat potentiel pour le biocontrôle classique. Après des études approfondies sur son potentiel de protection et les aspects de sécurité, ce prédateur spécifique du grand capucin des grains a été introduit au Togo en début d’année 1991. Dès lors, cette espèce de prédateur a substantiellement contribué à une réduction des populations de grand capucin des grains dans plusieurs pays africains. Pour utiliser cette méthode de biocontrôle, le grand capucin doit être surveillé en utilisant des pièges à phéromones. De plus, le prédateur Teretriosoma nigrescens doit être élevé en masse dans le pays/la région et relâché par des experts locaux.

    Outil 5: Contrôle des ravageurs des stocks à l’aide d’additifs

    Les substances minérales comme le sable fin (à raison de >50 %), la poussière d’argile (à 5 à 10 %), le kaolin (à 0,1 %) et la chaux (à 0,3 %) causent des lésions articulaires aux ravageurs et entraînent leur déshydratation. En outre, ces substances poudreuses remplissent les espaces entre les grains, ce qui complique les mouvements et la respiration des ravageurs. L’ajout de substances minérales est particulièrement utile pour protéger les réserves de semences des petites fermes ou pour stocker de petites quantités de graines pour le réensemencement. Toutefois, pour de grandes quantités de graines et de céréales, il est souvent plus pratique de mélanger les grains avec n’importe quelle matière végétale à forte odeur disponible pour repousser les insectes. Des plantes telles que le pyrèthre et Derris peuvent en fait tuer les insectes ravageurs des denrées stockées.

    La diatomite ou terre de diatomée est une substance minérale spéciale extraite dans certains pays d’Afrique orientale. Elle est constituée de silice provenant de petites diatomées fossiles. La diatomite est un insecticide bon marché, très efficace et non toxique, qui sèche les insectes. En outre, elle peut absorber beaucoup d’eau. Généralement, un traitement à raison de 0,3 % devrait être efficace contre tous les coléoptères qui s’attaquent aux stocks.

    La cendre de bois, seule ou mélangée à de la poudre de piment, représente un outil efficace pour maîtriser les ravageurs. Toutefois, les cendres et les piments pourraient avoir un impact sur le goût du produit traité. Le succès de cette méthode dépend de la quantité de cendres que l’on ajoute. L’ajout de cendres à raison de 2 à 4 % par rapport au poids des grains devrait assurer 4 à 6 mois de protection si la teneur en humidité des grains est inférieure à 11 %. Les cendres de Casuarina, de Derris, de manguier et de tamarinier conviennent particulièrement. Toute autre cendre mélangée à de la poudre de pyrèthre, de rose d’Inde ou de graines de Syringa renforce la protection contre les insectes. Veuillez noter que les cendres ne permettent pas de lutter contre le grand capucin des grains.

    Les huiles végétales (noix de coco, ricin, graine de cotonnier, arachide, maïs, moutarde, tournesol, carthame des teinturiers, neem et soja) peuvent affecter la ponte des ravageurs des stocks et le développement de leurs œufs et larves. Les traitements aux huiles végétales sont particulièrement utiles dans la protection des légumineuses contre les bruches. L’ajout de 5 ml d’huile par kg de graines/céréales devrait être efficace, à condition que toutes les graines soient bien recouvertes d’huile. Toutefois, l’effet du traitement à l’huile diminue avec le temps, si bien que les semences stockées de cette manière doivent être de nouveau traitées en cas de signes d’infestation. Veuillez noter que l’huile de graines de neem ou toute autre huile non alimentaire laisse un goût amer (raison pour laquelle elle agit comme insectifuge). Ce goût amer peut être supprimé en plongeant les graines dans de l’eau chaude pendant quelques minutes avant la préparation des repas.

    Les parties de plantes et les poudres sèches sont traditionnellement indiquées pour lutter contre les ravageurs des stocks. Généralement, ces produits sont utilisés à raison de 50 g par kg de produit stocké. Voici quelques exemples de produits d’origine végétale qui aident à protéger les graines/céréales lors du stockage:

    • Les piments (les gousses ou la poudre séchées, mélangées à des cendres ou de l’argile fine)
    • Le neem (les feuilles, les graines broyées ou l’huile)
    • Le pyrèthre (les têtes de fleurs séchées ou la poudre séchée) 
    • Derris (toutes les parties de la plante en poudre ou sous forme de liquide à pulvériser) 
    • L’eucalyptus (les feuilles)
    • Syringa (les feuilles séchées ou la poudre de graines mûres à raison de 2 %) 
    • La rose d’Inde (la plante entière séchée comme couche de 3 à 5 cm au fond du silo de grains) 
    • La menthe verte (la poudre de la plante entière séchée à raison de 4 %) 
    • L’aloe vera (la poudre de la plante entière séchée)
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