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Outils de gestion des ravageurs et des maladies

Pratiques culturales pour gérer les ravageurs et les maladies (outils de l’étape 1)

Les agricultrices et agriculteurs biologiques visent à créer des systèmes agricoles diversifiés et écologiques et à améliorer les mécanismes naturels de défense des plantes. L’objectif est d’avoir des cultures robustes et saines. Leur priorité absolue est de prévenir le développement des ravageurs et des maladies plutôt que d’appliquer des mesures de contrôle direct. En même temps, cette approche améliore la biodiversité, préserve les ressources naturelles et favorise les mécanismes naturels de contrôle. Par ailleurs, elle évite les dépenses en pesticides, les résidus sur les récoltes et les impacts négatifs sur l’environnement.

Outil 1: Choix de cultures et variétés tolérantes ou résistantes

L’utilisation de cultures et variétés tolérantes ou même résistantes aux maladies et ravageurs courants constitue une mesure efficace pour diminuer le risque de dommages causés par des ravageurs ou des maladies. En agriculture biologique, la sélection de variétés possédant une résistance partielle ou une tolérance au champ à l’égard de ravageurs est pratique et même préférable à une résistance de haut niveau. Il existe plus de variétés commerciales résistantes à des maladies que de variétés connues pour leur résistance à des ravageurs. Par conséquent, s’agissant de la résistance aux ravageurs, les connaissances des agriculteurs et conseillers locaux sur les caractéristiques des variétés de cultures locales et traditionnelles sont d’une grande valeur. Pour assurer une résistance effective, même les variétés dites résistantes doivent être adaptées aux conditions climatiques locales.

Outil 2: Plantation en temps voulu

La plantation doit être programmée de sorte que la période la plus sensible de la croissance de la culture ne coïncide pas avec l’inoculation du ravageur ou de la maladie qui endommage les plantes. La planification des semis et des plantations permet d’éviter l’invasion de migrateurs, la ponte de ravageurs particuliers dans les champs ou l’introduction dans les cultures de maladies transmises par des insectes vecteurs (comme les pucerons et les psylles). En outre, elle sert à synchroniser l’infestation par le ravageur ou la maladie avec la présence de ses ennemis naturels, avec des conditions météorologiques défavorables pour le ravageur ou l’agent pathogène ou avec l’abondance d’hôtes alternatifs. Cette planification requiert des connaissances spécifiques sur le ravageur ou l’agent pathogène en question et le moment hypothétique de l’attaque.

Outil 3 : Gestion de la fertilité des sols

L’augmentation de la fertilité des sols joue un rôle majeur dans le contrôle des ravageurs et des maladies. Un sol fertile améliore la santé des plantes et déclenche même leur réaction immunitaire. La fertilité des sols doit être améliorée grâce à des rotations de cultures, des cultures de couverture, des engrais verts, du compost, du fumier et des paillis:

  • Outre leur effet bénéfique sur la fertilité des sols, les rotation des cultures sont essentielles pour éviter la propagation de ravageurs et de maladies dans les champs de culture. Un intervalle de 1 à 3 ans entre les cultures d’une même famille cultivées sur le même champ interrompt le cycle de vie des pathogènes. La durée minimale de l’intervalle dépend de la persistance de la maladie ou du ravageur dans le sol. Certaines maladies survivent dans un champ sous forme de spores dormantes pendant plusieurs années (le flétrissement bactérien reste infectieux pendant au moins 2 ans, le mildiou jusqu’à 4 ans et les champignons du genre Fusarium jusqu’à 6 ans). Plusieurs ravageurs tels que la pyrale du riz ou les nématodes parasites des plantes mourront facilement de faim si les cultures ne sont pas disponibles l’année suivante. Lorsque les problèmes phytosanitaires sont dus à des ravageurs terricoles ou à des maladies transmises par le sol, on peut également mettre en place des jachères améliorées pour au moins une saison.
  • En plus de nourrir le sol et d’augmenter sa teneur en matière organique, les cultures de couverture et les engrais verts peuvent réduire la pression des ravageurs par confusion et celle des maladies par biofumigation. Les espèces de ravageurs comme les pucerons, les mouches des racines ou les charançons ne trouveront pas les plantes cultivées en raison de la culture intercalaire, qui leur cause une confusion olfactive.
  • L’utilisation de compost peut contribuer à contrôler les ravageurs et les maladies à travers : (i) un amendement réussi du sol avec des micro-organismes pathogènes des insectes ; (ii) la production d’antibiotiques par les micro-organismes bénéfiques ; (iii) l’activation dans les plantes d’une tolérance aux ravageurs ou de gènes résistants aux maladies grâce aux nutriments essentiels contenus dans les composts.
  • La mise en place de paillis organiques peut, dans des cas particuliers, contribuer à réguler les ravageurs tels que les mouches des racines, les vers gris ou les pucerons par confusion olfactive ou en cachant les endroits préférés de ponte. Dans des cas spécifiques, les paillis réduisent en outre la pression des maladies en altérant l’environnement immédiat ou en diminuant la propagation par les éclaboussures de gouttes de pluie de certaines maladies transmises par le sol. Toutefois, les paillis organiques pourraient aussi favoriser certaines maladies fongiques en augmentant l’humidité du sol.

Outil 4: Travail de conservation du sol

Le travail de conservation du sol vise à créer un environnement du sol convenable. Il vise à faire pousser des cultures tout en conservant le sol, l’eau et les ressources énergétiques grâce à une réduction de l’intensité du travail du sol et le maintien des résidus végétaux. Ces derniers sont incorporés au sol et servent ainsi de matière organique supplémentaire. Les pratiques de travail de conservation du sol améliorent la structure du sol et favorisent sa microfaune, sa mésofaune et sa macrofaune. En même temps, cette diversité supplémentaire d’organismes peut améliorer la santé des plantes à travers la compétition, le parasitisme ou l’antibiose avec les ravageurs terricoles et les maladies transmises par le sol.

Outil 5: Hygiène et entretien des cultures

  • L’utilisation de semences et de jeunes plants exempts de maladies est un outil très efficace dans la prévention du développement de maladies et ravageurs transmis par les semences. Les semences certifiées sont normalement propres ; lorsque les agricultrices et agriculteurs n’ont accès qu’à des semences non certifiées, ils doivent les traiter avant utilisation pour éliminer les maladies transmises par les graines (voir « traitement des semences à l’eau chaude »).
  • L’entretien des cultures existantes, spécialement des cultures pérennes, doit être régulier. L’abandon ou la mauvaise gestion des cultures pérennes peut conduire à une multitude de problèmes liés aux ravageurs et aux maladies. Tout le matériel végétal endommagé et tous les fruits pourris par terre doivent être soit brûlés soit profondément enfouis à au moins 50 cm de profondeur.
  • L’élagage élimine les germes dans les cultures pérennes. Toutes les branches ou pousses infectées doivent être coupées à au moins 20 cm en dessous du dommage visible. L’élagage améliore par ailleurs l’aération et l’exposition à la lumière de la couronne, ce qui contribue à la prévention des maladies.
  • Le nettoyage systématique de tous les outils utilisés lors de l’élagage des plantes ou jardins infectés est essentiel, spécialement en cas de maladies bactériennes ou virales. Il est conseillé, dans la mesure du possible, d’utiliser de l’alcool (> 70 %) pour désinfecter les outils ou de chauffer au feu les pièces en métal des outils.

Discussion plénière sur les pratiques culturelles pour la gestion des ravageurs et des maladies

Invitez les agriculteurs à discuter des différentes pratiques culturelles qui peuvent améliorer la santé d'une culture. Identifiez des exemples locaux et discutez de la manière dont chaque pratique mentionnée prévient les infections. Demandez aux agriculteurs qui ont mis en œuvre une telle pratique de partager leurs expériences en termes d'avantages et d'inconvénients. Vous pouvez également rendre visite à un agriculteur qui pratique déjà ces méthodes pour qu'il partage ses connaissances.

Gestion de l’habitat pour contrôler les ravageurs et les maladies (outils de l’étape 2)

Les agricultrices et agriculteurs biologiques utilisent des pratiques de gestion de l’habitat telles que le biocontrôle par conservation, les cultures intercalaires et les cultures pièges pour favoriser les ennemis naturels des ravageurs et des vecteurs de maladies.

Pour améliorer les habitats, il convient de ne choisir que des espèces de plantes non-hôtes des principaux ravageurs et maladies (p. ex., éviter les espèces de la famille des brassicacées en cas d’infection par le virus de la mosaïque du navet ou de la famille des solanacées en cas de mildiou).

La gestion de l’habitat comprend aussi l’adaptation de l’environnement au sein du champ et autour de celui-ci, afin d’améliorer la circulation de l’air (p. ex., élaguer les arbres et buissons limitant la circulation de l’air dans la direction principale du vent et éviter les cultures denses). Par rapport à la gestion des ravageurs, les possibilités de réduire l’incidence des maladies par la gestion de l’habitat sont plus limitées. Toutefois, ces pratiques contribuent également à stabiliser le système entier.

    Outil 6: Biocontrôle par conservation

    Les ennemis naturels des ravageurs sont d’autres organismes (champignons, bactéries, virus, insectes prédateurs et insectes parasitoïdes) qui tuent les ravageurs. Ces organismes sont donc des alliés des agricultrices et agriculteurs, puisqu’ils contribuent à contrôler les ravageurs. Par conséquent, de nombreuses espèces de ravageurs peuvent être gérées en augmentant l’efficacité et l’abondance des ennemis naturels existants. Cet objectif peut être atteint à travers la modification de l’environnement ou des pratiques existantes. Cette approche est appelée « biocontrôle par conservation » ou « contrôle biologique par conservation ».

    Le biocontrôle par conservation convient à l’agriculture biologique, car les agricultrices et agriculteurs bio utilisent un minimum de pesticides à large spectre, lesquels, autrement, diminueraient l’efficacité des ennemis naturels des ravageurs. L’objectif du biocontrôle par conservation est de diversifier la végétation en ajoutant des espèces de plantes au sein des champs cultivés et surtout à proximité de ceux-ci. Ces mesures aident les ennemis naturels à trouver des sources de nourriture comme le pollen, le nectar et des proies et hôtes alternatifs, et satisfont leur besoin en abri (microclimat). Il existe plusieurs possibilités d’augmenter la diversité florale au sein des champs et en bordure de ceux-ci :

    • Haies - Utiliser des arbustes indigènes connus pour attirer les prédateurs et parasitoïdes de ravageurs en offrant du nectar, du pollen, des proies et/ou des hôtes alternatifs. La plupart des espèces d’arbustes à fleurs ont cette propriété. Toutefois, il faut veiller à ne pas utiliser d’espèces de plantes connues pour être des hôtes alternatifs de ravageurs ou de maladies.
    • Bancs enherbées - Les bandes enherbées à proximité des champs hébergent différents groupes d’ennemis naturels tels que les carabes, les staphylins et les araignées. Pour diminuer le risque de développement de mauvaises herbes et plantes connues comme étant des plantes-hôtes de ravageurs et de maladies, on peut semer une à trois espèces de graminées locales en bandes de 1 à 3 mètres.
    • Bandes fleuries - Utiliser des espèces de plantes à fleurs indigènes connues pour attirer les prédateurs et parasitoïdes en offrant du nectar, du pollen, des proies et/ou des hôtes alternatifs. La plupart des espèces de plantes à fleurs ont cette propriété. Toutefois, il faut veiller à ne pas utiliser d’hôtes alternatifs de ravageurs ou de maladies. En bordure du champ, trois à cinq espèces de plantes à fleurs indigènes peuvent être semées dans un lit de semences bien préparé, disposé en bandes de 1 à 3 mètres. Après floraison, les graines peuvent être ramassées pour renouveler les bandes ou en créer de nouvelles.
    • Plantes compagnes - Les ennemis naturels des ravageurs peuvent également être attirés par des plantes compagnes présentes au sein d’une culture. Les espèces utilisées comme plantes compagnes peuvent être les mêmes que celles utilisées dans les bandes fleuries. Quelques plantes à fleurs (1 à 2 par 10 m2) réparties au sein d’une culture servent de « station-service » aux ennemis naturels des ravageurs.

    Outil 7: Cultures intercalaires (ou cultures associées)

    Une autre approche de gestion des ravageurs et des maladies consiste à associer différentes cultures en mettant en place des cultures intercalaires. L’idée est d’avoir des zones de plantes-hôtes moins concentrées et donc moins faciles à détecter et à coloniser. Les cultures ayant un lien de parenté éloigné peuvent interférer avec des ravageurs spécialisés, visuellement ou chimiquement, rendant l’habitat moins favorable. Les cultures intercalaires mixtes, où deux ou souvent plusieurs espèces sont mélangées et cultivées sans rangées distinctes, sont très couramment utilisées sous les tropiques. Les cultures intercalaires en rangées (deux ou plusieurs cultures cultivées ensemble en rangées) et les cultures en bandes (deux ou plusieurs espèces cultivées en bandes alternantes) doivent être suffisamment larges pour permettre des systèmes séparés de gestion, mais suffisamment proches pour s’influencer entre elles. Ces systèmes de cultures associées ont été largement étudiés, car ils offrent un grand potentiel de réduction des attaques de ravageurs.

    Le mélange de plantes doit être soigneusement choisi. L’anis, la ciboulette, l’ail, l’oignon, le radis, le persil et de nombreuses autres espèces sont considérés comme de bons partenaires pour la culture intercalaire. La rose d’Inde, par exemple, présente l’avantage de repousser les insectes ravageurs tels que les pucerons et les nématodes des racines, mais elle attire les limaces et peut avoir un effet herbicide sur le chou.

    Outil 8: Cultures pièges

    La culture piège doit être plus attractive pour le ravageur comme source de nourriture ou site de ponte par rapport à la culture principale. Le système de culture piège push-pull utilisé dans la production de maïs en Afrique orientale est un exemple particulièrement réussi.

    La stratégie push-pull (repousser-attirer) appliquée est une stratégie de culture simple qui consiste à utiliser l’herbe à éléphant (Pennisetum purpureum) et la légumineuse Desmodium uncinatum comme cultures intercalaires dans les champs de maïs. Desmodium est planté entre les rangées de maïs ; cette plante produit une odeur que les papillons foreurs de tige n’aiment pas, les repoussant ainsi de la culture de maïs. L’herbe à éléphant est plantée autour de la culture de maïs comme plante piège ; plus attractive pour les foreurs de tige par rapport au maïs, la culture piège attire les papillons, lesquels viennent pondre leurs œufs en son sein. L’herbe à éléphant ne permet cependant pas aux larves de foreurs de tige de se développer. Lorsque les œufs éclosent et que les petites larves percent les tiges de l’herbe à éléphant, la plante produit une substance visqueuse ressemblant à de la colle, qui les piège et les tue. Ainsi, très peu de larves de foreurs de tige survivent, et le maïs est sauvé grâce à la stratégie push-pull. En outre, Desmodium, qui couvre le sol du champ de maïs, réduit la pression des herbes des sorcières (Striga spp.) en les supprimant grâce à des composés herbicides produits dans ses racines. Par ailleurs, en tant que légumineuse, Desmodium fixe l’azote dans le sol, enrichissant ce dernier.

    Autres exemples de cultures pièges connues pour être utilisables en Afrique:

    • La rose d’Inde est utilisée contre les limaces dans les cultures maraîchères.
    • La moutarde brune (Brassica juncea) sert à attirer la teigne des crucifères (Plutella xylostella) dans les cultures du genre Brassica.
    • La variété africaine de rose d’Inde de grande taille (cv. Golden Age) réduit le nombre d’œufs et de larves de la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) lorsqu’elle est intercalée entre les tomates, les pois d’Angole, les pois chiches, les légumineuses du genre Crotalaria, le maïs, le tabac, le sorgho ou le tournesol. En outre, cette plante est attractive pour la noctuelle de la tomate pendant sa floraison. Par conséquent, planter cette variété de rose d’Inde en bandes ou autour d’un champ peut protéger la culture des dommages causés par la noctuelle de la tomate.

    Une autre approche, appelée sequential trap croppinge en anglais, consiste à effectuer une plantation précoce de la même culture sur des surfaces réduites pour attirer les ravageurs. Pour tuer les ravageurs, les cultures pièges précoces peuvent être soit détruites soit traitées avec des agents de biocontrôle ou des insecticides. Pour toutes sortes de cultures pièges, il est crucial d’effectuer des contrôles réguliers afin de détecter la présence de ravageurs. Dans la plupart des cas, les cultures pièges doivent être détruites lorsqu’elles sont sévèrement infestées, et cela avant qu’elles ne soient ravagées par l’organisme nuisible ou qu’elles n’aient complété leur cycle de vie. Cet aspect est crucial, car les ravageurs peuvent migrer des plantes pièges vers la culture principale. Les plantes pièges peuvent être enlevées et enterrées.

     

    Outil 9 : Biofumigation

    La biofumigation consiste à incorporer dans le sol de la masse végétale fraîche, qui relâchera ensuite plusieurs substances (principalement des isothiocyanates) capables de supprimer les ravageurs terricoles. On constate également les bénéfices de la biofumigation sur des maladies telles que la sclérotiniose, la fonte des semis (due à Pythium spp. ou Rhizoctonia solani) et le feu bactérien (Erwinia sp.).

    Les plantes de la famille des brassicacées (moutarde, radis, etc.) relâchent de grandes quantités de ces substances toxiques dans le sol lorsqu’elles se décomposent et sont considérées comme le matériau le plus adapté à la biofumigation. Il convient d’utiliser différentes moutardes (p. ex., Brassica juncea var. integrifolia ou Brassica juncea var. juncea) comme cultures intercalaires dans les champs infestés. Dès que les moutardes fleurissent, elles sont coupées et instantanément incorporées dans le sol à la houe ou à la charrue. Lorsque les parties de plantes incorporées sont en décomposition dans un sol humide, des composés nématicides, c’est-à-dire qui tuent les nématodes, sont produits. Pendant le processus de décomposition, des substances phytotoxiques sont également relâchées. Ces dernières peuvent détruire les graines de mauvaises herbes, mais elles peuvent aussi affecter les cultures. Voilà pourquoi une nouvelle culture ne doit pas être semée ou plantée avant les deux semaines qui suivent l’incorporation du matériel végétal dans le sol.

    Outil 10: Isolation des cultures par la mise en quarantaine

    Les connaissances concernant la diffusion des ravageurs et des maladies dans la région doivent être elles aussi prises en compte, spécialement pour les infections considérées comme épidémiques. Parfois, l’isolation de fermes et de champs situés suffisamment loin des zones infestées par des ravageurs ou des maladies est nécessaire pour assurer un contrôle adéquat. Un régime régional de rotation des cultures, en coopération avec d’autres agriculteurs, pourrait être la seule option efficace pour limiter la prolifération des ravageurs et des maladies.

    Discussion sur la gestion des habitats pour la lutte contre les parasites et les maladies

    Discutez avec les agriculteurs de toutes les mesures de gestion de l'habitat. Invitez les agriculteurs à partager leurs expériences sur le biocontrôle de conservation, les cultures intercalaires et les cultures pièges. Visitez une ferme avec un habitat naturel diversifié et identifiez les espèces végétales qui peuvent être promues pour contrôler les ravageurs et les maladies.

    Mesures de contrôle direct pour gérer les ravageurs (outils de l’étape 3)

    Les mesures de lutte directe contre les ravageurs comprennent le contrôle biologique (recours à d’autres organismes vivants tels que les bactéries, les virus ou les insectes utiles pour réguler les ravageurs) et l’utilisation d’insecticides d’origine biologique ou minérale, de phéromones pour perturber l’accouplement, d’agents répulsifs en tant que barrières physiques et de pièges pour une capture en masse. Toutes ces mesures sont utilisées comme dernière option pour le contrôle des ravageurs lorsque toutes les méthodes utilisées dans les étapes précédentes ont échoué. Dans la production biologique certifiée, seuls les agents d’origine non synthétique sont autorisés. Les phéromones synthétiques représentent une exception : leur utilisation est autorisée, parce qu’elles sont contenues dans des diffuseurs et n’entrent donc pas en contact avec les cultures.

    Partage d'expériences sur la lutte directe contre les nuisibles

    Invitez les agriculteurs à partager leurs expériences en matière de contrôle direct des nuisibles. Ont-ils des expériences de mesures de contrôle directes autres que l'utilisation de pesticides synthétiques ? Quels sont les critères qu'ils considèrent pertinents pour assurer le succès des mesures de contrôle direct ? Quelle est la pertinence du moment de l'application ? Comment définir le bon moment ? Pratiquent-ils un dépistage régulier de l'organisme nuisible avant l'application ?

    Outil 11: Contrôle biologique des ravageurs

    Le contrôle biologique implique l’utilisation d’autres organismes vivants, par exemple les ennemis naturels, pour réguler les ravageurs. Les ennemis naturels aident l’agricultrice ou l’agriculteur à maîtriser les insectes ravageurs qui se nourrissent des récoltes et à les empêcher de causer des dommages économiques. Le contrôle biologique des ravageurs est basé sur le relâchement dans les champs d’agents vivants élevés en masse tels que les bactéries, virus, champignons, insectes prédateurs et insectes parasitoïdes pour réguler les ravageurs pendant une période brève ou longue. Considérées comme des mesures de contrôle direct, les stratégies de contrôle biologique ne sont utilisées que lorsque les mesures indirectes ne sont pas suffisamment efficaces. Toutefois, tous les agents de biocontrôle disponibles dans le commerce ne peuvent pas être utilisés en agriculture biologique ; par exemple, les organismes génétiquement modifiés sont interdits. L’utilisation du contrôle biologique est largement répandue dans les cultures sous serre, mais elle est encore limitée dans les cultures en plein champ.

    Dans les cultures en plein champ, l’agent de biocontrôle le mieux connu est la bactérie Bacillus thuringiensis : B. t. var. kurstaki et B. t. var. aizawai sont utilisés contre divers ravageurs lépidoptères et B. t. var. israeliensis est employé contre les moustiques. B. t. var. kurstaki est produit dans des fabriques locales dans divers pays africains (Afrique du Sud, Kenya, Mozambique, etc.) et peut être utilisé contre différents ravageurs (chenille légionnaire d’Afrique, noctuelle de la tomate, légionnaire du haricot, légionnaire de la betterave, foreur du chou, noctuelle du chou, fausse-arpenteuse du chou, Alabama argillacea, teigne des crucifères, boarmie lunulée, Chrysodeixis eriosoma, Earias biplaga, Earias vittella, foreur de gousses, plusie chalcite).

    Il existe quelques champignons connus pour être entomopathogènes. Les espèces les plus connues sont Beauveria bassiana (contre les termites, thrips, mouches blanches, pucerons et différents coléoptères) et Verticillium (Lecanicillium) lecanii (contre les mouches blanches, thrips et pucerons). De nombreux produits différents (mycopesticides) sont disponibles sur le marché, mais ils sont pour la plupart conçus pour être utilisés dans les serres. Ces champignons entomopathogènes ont besoin d’une humidité de l’air élevée pour se développer. Pour venir à bout de ce problème dans la culture en plein champ, quelques produits contiennent de l’huile (de plante). Le champignon Metarhizium anisopliae var. acridum est un agent de biocontrôle fongique spécifique aux espèces de criquets. Largement répandu en Afrique, ce champignon cause, sous des conditions climatiques favorables, des épidémies locales au sein des populations de sauterelles et de locustes. Ses propriétés biologiques et physiques font de ce champignon un candidat idéal pour le contrôle biologique augmentatif. Les spores de M. anisopliae var. acridum peuvent être facilement produites en masse. Le champignon est disponible soit sous forme de poudre de spores sèches, soit comme concentré miscible à l’huile. Le produit est utilisé sous forme de suspension huileuse et peut être pulvérisé avec l’équipement habituel ou par voie aérienne pour un usage à grande échelle. Habituellement, le contrôle des locustes avec ce mycopesticide est mis en œuvre par le gouvernement ou des organisations non gouvernementales travaillant directement avec les agriculteurs, lesquelles suivent principalement des approches participatives. Cela semble être le meilleur moyen d’utiliser cet agent de biocontrôle.

    Plusieurs autres agents de biocontrôle sont connus pour être efficaces contre les ravageurs:

    • Les virus de la granulose permettent de lutter contre les ravageurs lépidoptères, par exemple, le Plutella xylostella granulovirus contre la teigne des crucifères et le Cydia pomonella granulovirus contre le carpocapse des pommes.
    • Les nématodes entomopathogènes sont utilisés contre les différentes espèces de charançons (p. ex. Steinernema carpocapsae, Heterorhabditis bacteriophora).
    • Les insectes prédateurs tels que les coccinelles, les cécidomyies prédatrices et les larves de syrphes sont efficaces contre les pucerons et les psylles.
    • Les insectes parasitoïdes comme les espèces du genre Trichogramma utilisées contre la noctuelle de la tomate sont élevés dans quelques laboratoires africains et permettent de lutter contre les ravageurs lépidoptères et les pucerons. Une introduction réussie de la guêpe parasitoïde néotropicale Apoanagyrus (Epidinocarsis) lopezi pour réguler la cochenille farineuse du manioc (Phenacoccus manihoti) a entraîné une réduction satisfaisante de P. manihoti dans les champs de la plupart des agriculteurs africains. Voilà l’un des grands succès du biocontrôle classique.

    Toutefois, la plupart de ces agents de biocontrôle ne sont pas accessibles aux petites exploitations agricoles africaines. En cause, le nombre insuffisant d’usines ou de coopératives agricoles produisant des agents de biocontrôle, des problèmes empêchant une distribution rapide de ces derniers aux utilisateurs par les usines de fabrication et la sensibilité de la plupart des agents à la chaleur.

    Outil 12: Insecticides d'origine végétale ou minérale

    Des insecticides biologiques commerciaux sont disponibles dans de nombreux pays d’Afrique (neem, roténone, pyrèthre, etc.). La plupart d’entre eux peuvent être fabriqués artisanalement par les coopératives agricoles ou les agricultrices et agriculteurs individuels.

    Originaire d’Inde, le neem (Azadirachta indica) est aujourd’hui connu dans toute l’Afrique. Cet arbre compte plus de cent composés à propriétés pesticides. La plus forte concentration du principal composé, l’azadirachtine, se trouve dans le fruit, en particulier dans les graines. Le neem agit comme un répulsif à large spectre, un régulateur de croissance d’insectes et un insecticide. Contrairement à la plupart des insecticides botaniques, le neem a aussi un mode d’action partiellement systémique. Autrement dit, les plantes peuvent absorber les extraits de neem par leurs racines et feuilles, répandant la substance active à travers leurs tissus. Pour cette raison, le neem peut aider à contrôler des ravageurs tels que les mineuses des feuilles. Les produits à base de neem sont efficaces contre un large éventail d’organismes nuisibles : environ 400 espèces de ravageurs sont connues pour être affectées par les extraits de neem. En dépit de leur large spectre d’action, ces produits ne nuisent généralement pas aux ennemis naturels.

    Les produits à base de neem à forte teneur en huile sont phytotoxiques pour certaines plantes. En d’autres termes, les plantes peuvent être brûlées lorsque l’extrait de neem est utilisé à dose élevée. Par conséquent, les extraits doivent être testés sur quelques plantes avant d’effectuer une pulvérisation à grande échelle. En même temps, cependant, les extraits de neem sont rapidement décomposés par la lumière solaire. Pour cette raison, les produits commerciaux contiennent habituellement un écran solaire, qui protège l’extrait des rayons solaires, permettant ainsi une plus longue exposition au soleil.

    Recommandations à l’attention des agriculteurs relatives à la préparation de pesticides à base de neem:

    Les pesticides à base de neem peuvent être préparés à partir des feuilles ou des graines. Les feuilles ou les graines sont broyées et mélangées à de l’eau, de l’alcool ou d’autres solvants. Pour certains traitements, les extraits ainsi obtenus peuvent être utilisés sans raffinage ultérieur. Utilisées dans l’amendement du sol, les graines de neem tombées par terre (tourteau de neem) ou la poudre d’amandes de neem sont efficaces pour réguler les nématodes. Elles sont également utilisées pour lutter contre les foreurs de tige et pour préparer des extraits aqueux, qui sont pulvérisés sur les plantes. Le tourteau de neem a un potentiel considérable en tant qu’engrais et empêche dans le même temps que les racines des cultures ne soient attaquées par les nématodes (tomates, etc.). Mettre du tourteau de neem dans les trous de plantation (200 g/m2) et le mélanger avec le substrat. Le tourteau de neem repoussera et même tuera les nématodes et autres ravageurs des racines. Les agents insecticides (azadirachtine) seront transportés vers les parties aériennes des plantes, où ils aideront les plantes à se débarrasser des ravageurs.

    Le pyrèthre est un insecticide naturel dérivé des fleurs de Chrysanthemum cinerariifolium. Il s’agit d’une plante pérenne aux fleurs blanches ressemblant aux marguerites. La plante est plus productive à des altitudes supérieures à 1600 m et, idéalement, dans des conditions semi-arides. Sur les sols riches, les propriétés insecticides sont réduites. La teneur en substances actives augmente avec l’altitude et des températures moyennes basses. Les extraits de pyrèthre ne doivent pas être mélangés à de la chaux, du soufre ou des solutions savonneuses pendant l’application, puisque le pyrèthre se décompose aussi bien dans des conditions acides que dans des conditions alcalines. En outre, l’extrait de pyrèthre se décompose rapidement sous l’effet de la lumière du soleil. Le pyrèthre est un insecticide de contact à large spectre qui permet de réguler les ravageurs sur les fleurs, fruits et légumes. Il peut être utilisé pour lutter contre les pucerons, les acariens tétranyques, les thrips, les mouches blanches, les chenilles légionnaires d’Afrique, les noctuelles de la tomate, les vers gris, les foreurs des tiges de maïs et les cicadelles de la pomme de terre.

    Recommandations à l’attention des agriculteurs relatives à la préparation de pesticides à base de pyrèthre:

    La poudre de pyrèthre est fabriquée à partir de fleurs sèches tombées par terre. Utiliser le pyrèthre pur ou le mélanger avec un catalyseur comme le talc, la chaux ou la diatomite, et le saupoudrer sur les plantes infestées. Pour fabriquer un extrait de pyrèthre liquide, mélanger 20 g de poudre de pyrèthre à 10 l d’eau et ajouter du savon afin d’augmenter l’efficacité de la substance. Filtrer et appliquer immédiatement par pulvérisation. Pour obtenir de meilleurs résultats, le produit doit être appliqué le soir. Le pyrèthre peut aussi être extrait au moyen d’alcool.

    Les piments et les poivrons ont tous des effets répulsifs et insecticides.

    Recommandations à l’attention des agriculteurs relatives à la préparation de pesticides à base de piment:

    Pour fabriquer de l’extrait de piment, moudre 200 g de piment en poudre fine, le bouillir dans 4 l d’eau puis ajouter encore 4 l d’eau et quelques gouttes de savon liquide. Ce mélange peut être pulvérisé pour lutter contre les pucerons, les fourmis, les petites chenilles et les escargots.

    L’ail possède des propriétés anti-appétantes (l’insecte cesse de s’alimenter), insecticides, nématicides et répulsives. Il serait efficace contre une grande variété d’insectes à différents stades de leur cycle de vie (œuf, larve, adulte), y compris les fourmis, pucerons, chenilles légionnaires, teignes des crucifères, mouches blanches, vers fil de fer et termites. L’ail est non sélectif, il est doté d’un large spectre d’action et peut également tuer les insectes utiles. Par conséquent, il doit être utilisé avec précaution.

    Recommandations à l’attention des agriculteurs relatives à la préparation de pesticides à base d’ail:

    Pour fabriquer de l’extrait d’ail, écraser ou hacher 100 g d’ail et y ajouter un demi-litre d’eau. Laisser le mélange reposer pendant 24 h, ajouter un demi-litre d’eau et incorporer du savon liquide. Diluer à 1/20 avec de l’eau et pulvériser le soir. Pour améliorer l’efficacité, on peut y ajouter de l’extrait de piment.

    Il existe de nombreux autres extraits de plantes connus pour avoir des effets insecticides tels que le tabac (Nicotiana tabacum), Xanthorhiza simplicissima, la téphrosie de Vogel (Tephrosia vogelii), l’« arbre à serpent » (Securidaca longepedunculata) et les capucines (Tropaeolum), qui sont traditionnellement utilisés pour contrôler les ravageurs en Afrique.

    Précautions concernant l’utilisation des extraits de plantes à prendre par les agriculteurs:

    • Éviter que l’extrait brut n’entre en contact direct avec la peau pendant le processus de préparation et d’utilisation. Des extraits de plantes tels que le tabac peuvent également s’avérer très toxiques pour les êtres humains. Éviter tout contact des extraits de plantes avec les yeux.
    • Veiller à conserver l’extrait de plante hors de portée des enfants.
    • Porter des vêtements de protection (yeux, bouche, nez et peau) pendant l’application de l’extrait.
    • Se laver les mains après avoir manipulé l’extrait de plante.

    Le soufre est sans doute le plus ancien pesticide utilisé. En agriculture biologique, il est principalement employé pour combattre les maladies des plantes (voir outil 18), mais il convient aussi à la lutte contre les acariens (acaricide). L’effet acaricide du soufre est renforcé à des températures supérieures à 12 °C. Toutefois, le soufre peut causer des lésions aux plantes par temps chaud et sec (à des températures supérieures à 32 °C). Il est en outre incompatible avec les autres pesticides. Pour éviter la phytotoxicité, le soufre ne doit être utilisé ni avec de l’huile ni après les traitements à l’huile.

    Les cendres de bois de cheminées peuvent être efficaces contre les fourmis, les mineuses des feuilles, les foreurs de tige, les termites et les teignes de la pomme de terre. La cendre doit être saupoudrée directement sur les colonies de ravageurs et les parties de plantes infestées. Elle déshydratera les ravageurs aux corps souples. Les cendres de bois sont souvent utilisées pendant le stockage des graines pour éloigner les ravageurs des stocks tels que les charançons.

    Partage d'expériences sur les mélanges botaniques pour la lutte contre les ravageurs

    Choisissez les mélanges botaniques les plus couramment utilisés pour lutter contre les parasites. Dressez une liste de tous les matériaux nécessaires à leur préparation et laissez des agriculteurs expérimentés montrer aux autres comment ils les fabriquent. Ont-ils fait des observations sur le meilleur moment d'application et l'efficacité des préparations ?

    Les agriculteurs doivent être encouragés à en savoir plus sur l'efficacité des différents mélanges insecticides en menant leurs propres expériences à la ferme. Ils devraient aménager leurs propres parcelles en groupe ou individuellement afin de pouvoir comparer les effets entre les plantes traitées et non traitées.

    Outil 13: Phéromones pour perturber l’accouplement

    Les diffuseurs de phéromones relâchent une hormone sexuelle de l’insecte femelle. Quelques diffuseurs combinés avec des pièges spéciaux attirent les insectes mâles dans le piège, où ils restent coincés. Les pièges à phéromones sont le plus souvent employés pour surveiller les insectes ravageurs, mais ils peuvent aussi servir à un piégeage massif. Plusieurs types de pièges à phéromones développés pour surveiller les noctuelles de la tomate, les vers gris, les mouches des fruits, etc. sont fréquemment utilisés. Toutefois, dans la plupart des régions d’Afrique, les pièges à phéromones ne sont pas localement disponibles et ceux importés ne sont pas abordables pour les petit·es exploitant·es agricoles. Les phéromones sexuelles peuvent également être utilisées pour perturber l’accouplement des insectes. Dans ce cas, un grand nombre de diffuseurs sont installés dans la parcelle (verger de pommiers, vignoble) pour obtenir un nuage de phéromones dans la culture ou au-dessus de celle-ci. Les insectes mâles ne pourront plus retrouver les femelles et l’accouplement sera ainsi perturbé. Par conséquent, aucune progéniture n’endommagera la récolte.

    Outil 14: Répulsifs contre les mammifères ravageurs

    Les espèces d’insectes, d’acariens, de nématodes et de limaces ne sont pas les seuls ravageurs connus. Les mammifères tels que les éléphants, les singes, les sangliers et bien d’autres peuvent aussi détruire les cultures de subsistance et menacer les moyens d’existence des petit·es exploitant·es agricoles d’Afrique. Néanmoins, il existe des répulsifs efficaces non létaux connus pour réduire considérablement les dommages causés par exemple par les éléphants. Le principal agent répulsif est dérivé de piments Capsicum ou de piments forts (Pili pili kali). Lorsque les cultures sont protégées contre les éléphants par des clôtures (au moins 2,5 m de haut avec deux fils parallèles), des carrés de tissu ou de toile trempés dans un agent à base de pétrole (huile de moteur) mélangé à de la poudre de piment peuvent être fixés entre les fils. La très forte odeur des piments Capsicum cause des réactions physiques indésirables aux éléphants, y compris une irritation des yeux et des sensations de brûlure dans la trompe. Une autre approche consiste à produire des « bombes de piment » à base de piment écrasé et de déjections animales. Pour donner au mélange de piment et de déjections animales une forme solide, l’agricultrice ou l’agriculteur peut utiliser un moule à briques. Les « bombes à éléphant » doivent sécher pendant un jour ou deux puis être réparties de manière homogène autour du champ. L’agricultrice ou l’agriculteur peut y mettre le feu à la tombée de la nuit. Les « bombes à éléphant » produiront une fumée piquante qui éloigne les éléphants des champs de maïs, de sorgho et de millet. Le même agent peut être préparé pour lutter contre les sangliers, les singes et d’autres mammifères.

    L’anis, les piments, la ciboulette, l’ail, la coriandre, la capucine, la menthe verte et la rose d’Inde sont des plantes connues pour avoir un effet répulsif sur différents insectes ravageurs (pucerons, papillons, mouches des racines, etc.) et peuvent être cultivées comme cultures intercalaires ou en bordure des champs. La rose d’Inde est surtout connue pour repousser les nématodes des racines, tandis que le tourteau de neem est connu pour éloigner les souris.

    Outil 15: Pièges pour capturer en masse les ravageurs

    Le piégeage massif des ravageurs est une mesure additionnelle de contrôle. Souvent, les pièges peuvent être facilement fabriqués à partir de matériau bon marché.

    Les pièges à lumière peuvent être utilisés pour attraper les papillons de nuit tels que les chenilles légionnaires, les vers gris, les foreurs de tige et d’autres insectes nocturnes. Ils sont plus efficaces lorsqu’ils sont installés peu après que les papillons adultes commencent à émerger mais avant qu’ils ne commencent à pondre des œufs. Toutefois, les pièges à lumière présentent l’inconvénient d’attirer un large éventail d’espèces d’insectes. La plupart des insectes attirés ne sont pas des ravageurs. En outre, de nombreux insectes qui sont attirés dans la zone autour des pièges à lumière (parfois venant de distances considérables) ne tombent pas dans le piège. Au contraire, ils restent à proximité de celui-ci, augmentant le nombre total d’insectes dans la zone immédiate.

    Les pièges colorés et les pièges à eau peuvent être utilisés pour surveiller les thrips adultes. Dans certains cas, on peut même réduire le nombre de thrips en les capturant en masse à l’aide de pièges colorés (bleus, jaunes, blancs) englués ou de pièges à eau installés dans la pépinière ou dans le champ. La gamme de couleurs des plaques est cruciale pour l’efficacité des pièges collants. Les couleurs vives attirent plus de thrips que les couleurs sombres. Les pièges collants à surfaces cylindriques sont plus efficaces que ceux à surfaces plates. Ils sont idéalement placés lorsqu’ils sont installés à 1 m du niveau de la culture. Les pièges ne doivent être placés ni à proximité des bordures des champs ni à côté des haies brise-vent.

    Les pièges à eau doivent avoir une profondeur minimale de 6 cm, une surface de 250 à 500 cm2 et être de préférence ronds ; le niveau de l’eau doit se situer à environ 2 cm en dessous du bord. Quelques gouttes de détergent ajoutées à l’eau favorisent la noyade des thrips, évitant ainsi qu’ils ne dérivent vers les bords et ne s’échappent. Remplacer les pièges ou ajouter régulièrement de l’eau.

    Les pièges collants jaunes peuvent être utilisés pour contrôler les mouches blanches, les pucerons et les mouches mineuses des feuilles. De tels pièges sont par exemple constitués de récipients jaunes en plastique montés à l’envers sur des bâtons et recouverts de graisse de voiture transparente ou d’huile de moteur utilisée. Ces pièges doivent être placés au sein du champ et autour de celui-ci à environ 10 cm au-dessus du feuillage. Nettoyer les pièges lorsqu’ils sont couverts d’insectes et les recouvrir d’huile. Les plaques collantes jaunes ont un effet similaire. Pour les utiliser, placer 2 à 5 plaques engluées jaunes par 500 m2 de surface agricole. Remplacer les pièges au moins une fois par semaine. Pour fabriquer son propre piège collant, recouvrir du contreplaqué peint en jaune (taille : 30 cm x 30 cm) de vaseline ou d’huile de moteur usée. Installer les pièges à côté des plantes, mais suffisamment loin pour éviter que les feuilles ne se collent à la plaque. Il est à noter que la couleur jaune attire de nombreuses espèces d’insectes, y compris des organismes utiles. Il convient donc de n’utiliser les pièges jaunes que lorsque cela est nécessaire.

    Pièges pour les mouches domestiques et les mouches des fruits: les mouches des fruits, les mouches domestiques et les mouches d’étable sont attirées par le jus de fruits en fermentation. Le haut d’une bouteille en plastique peut être coupé et retourné. Un peu d’eau sucrée ou de miel étalé sur le bord de la bouteille permet de mieux attirer les mouches, lesquelles entreront dans la bouteille contenant du jus de fruits sucré/en fermentation et seront prises au piège. Les pièges pour les mouches des fruits peuvent être fabriqués localement en ayant recours à un bocal ordinaire avec des bouteilles ou récipients en plastique munis de trous. Ils peuvent être utilisés avec des appâts alimentaires tels que les hydrolysats de protéines, la levure ou le jus de fruits sucré/en fermentation.

    Outil 16: Barrières physiques contre les ravageurs

    Il existe différentes barrières physiques connues pour avoir un effet de régulation sur les ravageurs (filets anti-insectes, ensachage, etc.). La mesure la plus utile est l’ensachage des fruits.

    L’ensachage, à savoir la protection des fruits par des sachets, empêche les mouches des fruits de pondre leurs œufs sur les fruits. En outre, le sachet fournit une protection physique contre les lésions mécaniques (cicatrices et égratignures). Bien que laborieuse, cette pratique est bon marché et sans danger, et permet une estimation plus fiable de la récolte en perspective. L’ensachage convient aux melons, margoses, mangues, goyaves, caramboles, avocats et bananes (utilisation de sacs en plastique).

    Recommandations à l’attention des agriculteurs relatives à l’ensachage:

    Couper de vieux journaux en morceaux de la taille des fruits et doubler les couches, une seule couche se brisant facilement. Plier et coudre ou agrafer les côtés et le bas des feuilles de journaux pour en faire un sachet rectangulaire. Souffler dedans pour le gonfler. Mettre un fruit dans chaque sachet et le fermer ; attacher fermement le haut du sachet avec une ficelle en sisal, du fil de fer ou avec des fibres de bananier ou de cocotier. Pousser le fond du sachet vers le haut pour éviter que le fruit ne touche le sachet. Par exemple, commencer l’ensachage des mangues 55 à 60 jours après le début de la floraison ou lorsque les fruits font à peu près la taille d’un œuf de poule. En cas d’utilisation de sacs en plastique (p. ex. pour les bananes), ouvrir le fond ou faire quelques petits trous pour permettre à l’humidité de s’échapper. L’humidité piégée dans les sacs en plastique endommage les fruits et/ou favorise le développement de champignons et de bactéries qui causent des maladies aux fruits. En outre, le plastique surchauffe le fruit. Les sacs fabriqués à base de feuilles de plantes séchées sont des bonnes alternatives au plastique.

    Mesures de contrôle direct pour gérer les maladies (outils de l’étape 3)

    Les mesures de contrôle direct des maladies comprennent le contrôle biologique (recours à d’autres organismes vivants tels que les champignons parasites pour réguler les maladies) et l’utilisation de fongicides d’origine biologique ou minérale. Toutes ces mesures sont utilisées en dernière option pour le contrôle des maladies, lorsque toutes les méthodes utilisées dans les étapes précédentes ont échoué. Dans la production biologique, seuls les agents d’origine non synthétique sont autorisés. Le cuivre et le soufre, dont l’utilisation est controversée, sont d’origine minérale ; leur application est donc également limitée.

    Les agricultrices et agriculteurs doivent être encouragés à en apprendre davantage sur l’efficacité des différents produits en menant des essais sur leurs fermes. Ils sont invités à mettre en place différentes parcelles, individuellement ou en groupe, pour être en mesure de comparer les plantes traitées avec celles qui ne le sont pas. Notons que certains produits ont des effets préventifs tandis que d’autres (comme le cuivre) ont des effets thérapeutiques. Par conséquent, les agents à effets préventifs doivent être utilisés avant que les cultures ne soient infectées.

    Discussion on direct control of diseases

    Partager les expériences avec les agriculteurs sur les mesures de lutte directe contre les maladies. Découvrez les méthodes botaniques les plus couramment utilisées dans la région pour lutter contre les maladies dans différentes cultures. Invitez des agriculteurs expérimentés à partager leurs connaissances sur la préparation de produits botaniques. Encouragez la discussion sur le moment et la méthode d'application et d'autres critères pertinents pour l'efficacité.

    Outil 17: Contrôle biologique des maladies des plantes

    Les champignons appartenant au genre Trichoderma existent à travers le monde et sont faciles à isoler du sol, du bois en décomposition et d’autres formes de matière organique végétale. D’une part, les espèces Trichoderma sont connues comme parasites d’autres champignons, y compris les agents pathogènes d’importantes maladies des plantes telles que la fonte des semis (Rhizoctonia solani). D’autre part, les espèces Trichoderma impactent des maladies telles que la sclérotiniose, la fonte des semis (Pythium) et la pourriture grise (Botrytis) par l’antibiose et la compétition.

    Le champignon Trichoderma harzianum (différentes souches) a été testé sous des climats subtropicaux et tropicaux. Des effets bénéfiques ont été rapportés contre la pourriture rouge (Colletotrichum falcatum), la pourriture charbonneuse des graines et des plants de niébé (Macrophomina phaseolina), l’oïdium et d’autres maladies. En outre, Trichoderma agit comme un stimulant de croissance et améliore par conséquent le rendement et la qualité des produits (soja, etc.). Les produits à base de Trichoderma sont disponibles dans quelques pays africains (p. ex. T-Gro, Eco-T et Tricho-Plus en Afrique du Sud).

    Les espèces du genre Aspergillus sont presque omniprésentes dans les sols des zones tropicales. Elles sont surtout connues pour contaminer les graines avec des aflatoxines hautement toxiques résultant de la présence de souches toxigènes de A. flavus, A. parasiticus, A. nomius et A. bombycis. Cependant, il existe également des souches non aflatoxigènes de A. flavus et de A. parasiticus, lesquelles peuvent être utilisées comme agents de biocontrôle contre les espèces dangereuses d’Aspergillus. Au Bénin, A. flavus (BN 22 et BN 30) a permis d’obtenir une réduction de la contamination du maïs par les aflatoxines pouvant aller jusqu’à 90 %. Néanmoins, des études complémentaires sont nécessaires pour démontrer l’efficacité de ces agents de biocontrôle sur le terrain, leur persistance, leur sécurité et leur viabilité commerciale avant que leur application pratique dans la lutte contre les maladies des plantes en Afrique ne devienne une réalité.

    Certaines bactéries sont connues pour réguler des maladies des plantes. Une bactérie souvent utilisée est Bacillus subtilis (différentes souches), qui agit contre des maladies fongiques telles que la pourriture grise, l’oïdium ou la maladie des taches noires. D’autres exemples sont Pseudomonas fluorescens (et d’autres espèces du genre Pseudomonas) et les espèces des genres Bacillus et Azotobacter. Leurs principes d’action sont la compétition pour les niches écologiques formées par les systèmes racinaires, la compétition pour les éléments nutritifs, la production de métabolites secondaires et l’antibiose. Néanmoins, l’utilisation de ces bactéries comme agents de biocontrôle dépend fortement de la disponibilité de produits bon marché.

    Outil 18: Fongicides d’origine végétale ou minérale

    Des fongicides biologiques commerciaux, y compris des produits contenant des agents fongicides tels que le cuivre, le soufre et l’argile acide, sont disponibles dans de nombreux pays d’Afrique.

    La bouillie bordelaise (sulfate de cuivre et chaux) a été utilisée avec succès pendant plus de 150 ans sur les fruits, les légumes et les plantes ornementales. Contrairement au soufre, la bouillie bordelaise est à la fois fongicide et bactéricide. Par conséquent, elle peut être utilisée efficacement contre des maladies telles que les taches foliaires causées par des bactéries ou des champignons, l’oïdium, le mildiou et l’anthracnose, provoquée par différents agents pathogènes. La capacité de la bouillie bordelaise à résister à la pluie et à adhérer aux plantes est l’une des raisons pour lesquelles elle est si efficace. Le sulfate de cuivre contenu dans la bouillie bordelaise est acide ; il est neutralisé par la chaux (hydroxyde de calcium) qui, elle, est alcaline.

    Recommandations à l’attention des agriculteurs relatives à la préparation de la bouillie bordelaise:

    La bouillie bordelaise se décline en plusieurs mélanges. Voici l’un des mélanges les plus populaires, les plus efficaces et les moins phytotoxiques : dans un récipient non métallique, mélanger 90 g de sulfate de cuivre bleu avec 4,5 l d’eau. Dans un autre récipient non métallique, mélanger 125 g de chaux éteinte avec 4,5 l d’eau. Remuer les deux solutions, les mélanger et remuer de nouveau. Cette préparation a été développée compte tenu du fait que le cuivre, comme le soufre, est phytotoxique et que le niveau de toxicité est lié à l’âge du tissu de plante traité. L’utilisation de la bouillie bordelaise par temps chaud (à des températures supérieures à 30 °C) pourrait causer le jaunissement et la chute des feuilles. En outre, la bouillie bordelaise peut engendrer des brûlures sur le feuillage, s’il pleut peu après son application. Des précautions particulières doivent être prises lorsqu’on applique ce fongicide sur des feuilles jeunes et tendres d’arbres fruitiers. Ne pas utiliser la bouillie bordelaise sur le maïs ou le sorgho, qui sont décrits comme des plantes sensibles au cuivre.

    Il existe d’autres préparations à base de cuivre, très courantes et bon marché, disponibles sur le marché dans la plupart des pays africains : l’hydroxyde de cuivre et l’oxychlorure de cuivre. Ces produits sont acceptés en agriculture biologique, pourvu que le nombre maximal d’applications soit strictement respecté et qu’un bon amendement du sol soit assuré pour empêcher l’accumulation de cuivre dans le sol.

    Le soufre est principalement utilisé contre des maladies des plantes telles que l’oïdium et le mildiou. Son efficacité repose sur la prévention de la germination des spores. Pour cette raison, il doit être appliqué avant le développement de la maladie pour être efficace. Le soufre peut être utilisé sous forme de poudre ou de liquide. Il n’est pas compatible avec les autres pesticides.

    La bouillie sulfocalcique est obtenue lorsque de la chaux est ajoutée au soufre pour l’aider à pénétrer dans le tissu des plantes. Elle est plus efficace que le soufre élémentaire à des concentrations plus faibles. Toutefois, son odeur d’œufs pourris dissuade habituellement les agriculteurs de l’utiliser sur de vastes champs.

    Les argiles acides possèdent un effet fongicide dû à des agents actifs tels que l’oxyde d’aluminium ou le sulfate d’aluminium. Ils sont utilisés comme une alternative aux produits à base de cuivre, mais sont souvent moins efficaces. Différents produits sont disponibles sur le marché dans quelques pays africains.

    Le lait est utilisé contre l’oïdium, le mildiou, la mosaïque et d’autres maladies fongiques et virales. Un traitement efficace consiste à pulvériser tous les 10 jours un mélange constitué de 1 l de lait dilué dans 10 à 15 l d’eau.

    Le mildiou et les rouilles peuvent être traités avec une préparation à base de bicarbonate de soude ou de cristaux de soude. Mélanger 100 g de bicarbonate de soude ou de cristaux de soude avec 50 g de savon doux et diluer le tout dans 2 l d’eau. Pulvériser le mélange une seule fois et attendre aussi longtemps que possible (plusieurs mois) avant de répéter le traitement. Ne pas appliquer par temps chaud et tester la préparation au préalable sur quelques feuilles en raison du risque d’effets phytotoxiques.

    De nombreux extraits de plantes sont connus pour leurs effets fongicides. L’oignon et l’ail sont efficaces contre le mildiou et de nombreuses maladies fongiques et bactériennes. Les roses d’Inde agissent comme des fortifiants, aidant les pommes de terre, les haricots, les tomates et les pois à résister aux maladies fongiques telles que le mildiou. Les feuilles de papayer (Carica papaya) et le basilic possèdent un effet fongicide général. De nombreuses autres espèces de plantes présentes en Afrique sont connues pour leurs effets fongicides. Les connaissances traditionnelles pourraient contribuer à développer l’éventail d’extraits de plantes utilisés dans chaque région d’Afrique.

    Outil 19: Traitement des semences à l’eau chaude

    Le traitement à l’eau chaude de ses propres semences pour prévenir les maladies transmises par les graines telles que la pourriture noire, la nécrose du collet, les taches noires et les taches annulaires des crucifères est très efficace. Il permet de lutter contre les champignons pathogènes tels que Alternaria spp., Colletotrichum spp., Phoma spp., Septoria spp. et les bactéries pathogènes (Pseudomonas spp. et Xanthomonas spp.). Toutefois, le traitement à l’eau chaude est délicat, puisque les graines peuvent rapidement être détruites par des températures trop élevées.

    Par conséquent, il faut strictement respecter des températures et intervalles de temps spécifiques pour maintenir la viabilité des semences. Utiliser un bon thermomètre ou demander assistance à une personne expérimentée ou à l’agent·e de vulgarisation local·e. Pour s’assurer que les semences ne sont pas endommagées, il est recommandé de tester la germination de 100 graines traitées à la chaleur et de 100 graines non traitées. Le traitement à l’eau chaude peut aussi être utilisé pour les tubercules de pommes de terre (10 minutes dans de l’eau à 55 °C), afin de lutter contre la nécrose du collet, la gale poudreuse et le rhizoctone brun, et pour les drageons de bananiers, afin de maîtriser les nématodes et les charançons du bananier.

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