Établissement en champ optimal
Les haricots sont des cultures à cycle court et à croissance très rapide, en particulier les haricots verts qui sont prêts à être récoltés 7 à 8 semaines après la plantation, tandis que les haricots secs sont prêts en 10 à 12 semaines. Par conséquent, les haricots doivent faire lʼobjet dʼune attention particulière et de conditions de culture adaptées afin de maximiser les rendements.
La préparation manuelle du sol peut se faire à lʼaide dʼune houe ou dʼune bêche. Sauf en cas de plantes envahissantes comme lʼhétéropogon contourné ou le chiendent, il nʼest pas nécessaire de retourner complètement le sol. Il suffit de lʼameublir et de briser les mottes de terre. Les cailloux, les brindilles et les racines des adventices doivent être enlevés. Si des animaux lourds tels que des bœufs sont utilisés pour labourer le sol, il faut veiller à ne travailler la terre que lorsquʼelle est sèche.
Les haricots verts nains doivent être semés en rangs espacés de 60 cm, en respectant une distance de 10 cm entre les plants pour une cueillette confortable. Les haricots grimpants doivent être semés en doubles rangs, avec un écartement plus important de 80 cm entre les rangs et de 100 cm entre chaque double rang.
Partage d'expériences sur la mise en place de jardins de haricots (haricots buissonniers et grimpants)
Renseignez-vous sur les expériences des agriculteurs en matière d'implantation d'une culture de haricots en posant les questions suivantes :
- Quelles sont vos expériences en ce qui concerne la mise en place dans les champs de
- de haricots buissonniers et grimpants ?
- Avez-vous rencontré des difficultés ?
- Comment avez-vous essayé de les résoudre ?
Préparation du sol
Les haricots peuvent développer des racines profondes à condition que le sol soit bien structuré. Le sol doit être ameubli et les éventuelles plantes envahissantes comme le chiendent (Cynodon dactylon) doivent être éliminées. Si la parcelle était auparavant recouverte dʼadventices telles quʼAmaranthus spp., qui produit beaucoup de graines, le sol doit être préparé en début de saison. Cela favorise la germination de la plupart des adventices dès que le sol sera humide. Un léger labour est ensuite nécessaire avant de planter les haricots ; le travail du sol doit être très superficiel et effectué uniquement le long de la couche arable pour éliminer les adventices. Le compost ou le fumier animal doit être ajouté plus tôt, au cours du premier travail, pour permettre aux graines des adventices transportées de germer également avant le dernier labour précédant la plantation.
Discussion sur les pratiques courantes de gestion des cultures de haricots
Invitez les agriculteurs à partager leurs expériences :
- Comment installez-vous les champs de haricots ?
- Quelles activités sont effectuées dans le champ après la plantation et à quelle fréquence ?
- Selon vous, que faut-il faire d'autre pour favoriser une bonne croissance et de bons rendements des haricots ?
Cultures intercalaires et rotation des cultures
Les haricots peuvent être cultivés soit en monoculture, soit en culture intercalaire avec dʼautres cultures comme le maïs, le manioc ou la patate douce.
Bien que la monoculture de haricots soit préférable dans le cadre de la production à grande échelle pour une gestion et une récolte efficaces, la culture intercalaire présente un plus grand nombre dʼavantages, en particulier pour les petits agriculteurs :
Une production plus élevée par unité de terre ;
Une biodiversité des cultures, qui contribue à la régulation naturelle des ravageurs ;
Une sécurité de rendement accrue. Si lʼune des cultures intercalaires ne se développe pas bien, lʼagriculteur pourra toujours récolter lʼautre culture.
La culture intercalaire de haricots avec dʼautres cultures comme le maïs, la banane ou les tubercules (igname, manioc et patate douce) est largement pratiquée et donne de bons résultats. Seuls 30 % des haricots en Afrique sont cultivés en monoculture, 50 % sont cultivés en intercalaire avec le maïs, 10 % avec la banane, 10 % avec des racines/tubercules et 2 % avec le sorgho. Voici quelques exemples :
La culture intercalaire de 2 à 3 plants de maïs avec 6 plants de haricots par mètre carré peut produire un rendement de 100 % pour les deux cultures.
Le rendement de la patate douce en culture intercalaire avec le haricot ne diffère pas significativement de celui dʼune monoculture de patate douce. La densité de plantation recommandée est de 3,3 plants de patate douce et 10 plants de haricot par mètre carré.
La culture intercalaire du manioc avec le haricot donne également dʼexcellents résultats, à condition que la variété de manioc ne soit pas trop vigoureuse et à ramification tardive. Les rendements atteignent 80 % pour le manioc et 100 % pour le haricot.
La culture intercalaire de la banane avec le haricot a un effet positif sur le rendement de la banane et offre un rendement du haricot de 50 % par rapport à la monoculture du haricot.
Les haricots utilisés pour les cultures intercalaires sont généralement à croissance définie. Les haricots grimpants peuvent gêner ou même étouffer la culture principale. Vers la fin de la saison de croissance du maïs, on peut semer des haricots grimpants qui utilisent les tiges de maïs sèches comme support et lʼhumidité résiduelle du sol.
Dans un système de monoculture, les haricots doivent être cultivés en rotation avec dʼautres cultures. La culture du haricot pendant deux saisons consécutives sur la même parcelle est déconseillée. Les haricots laissent un sol riche en azote, ce qui permet aux cultures suivantes dʼen tirer parti pour leur croissance. Les racines (manioc, patate douce), les céréales (maïs, riz, sorgho) et les légumes (choux, tomate, oignon) peuvent être cultivés en rotation avec le haricot.
Support des plants
Les haricots nains à croissance définie nʼont pas besoin de matériel de support. Les haricots nains à croissance indéfinie doivent parfois être soutenus par des tuteurs ou cultivés avec du maïs ou du manioc qui serviront de supports.
Les haricots grimpants doivent être cultivés sur un type de tuteur. La hauteur du tuteur ne doit pas dépasser 2 m afin de faciliter la cueillette. Lorsque les haricots atteignent le sommet du tuteur, le point de croissance des pousses principales doit être pincé. Cela réduit la hauteur et favorise la croissance des pousses latérales.
Il existe différentes méthodes de tuteurage :
Tuteurs simples - Ils doivent être dans un matériau solide, car ils sont susceptibles de tomber ou de casser par vents forts. Autour de chaque piquet, 6 à 8 graines doivent être plantées dans un moule. Lorsque les plants apparaissent, on enlève les plus fragiles et on laisse les 5 plus robustes.
Structure en tipi - Trois ou quatre piquets sont attachés ensemble au sommet pour former une pyramide, ce qui est plus stable quʼun seul piquet. Les piquets sont souvent des tiges dʼherbe à éléphant mature, de grands roseaux, des cannes de bambou ou des tiges de manioc. À la base, les piquets sont fixés dans le sol à 80 cm de distance.
Structure en tente canadienne - Des doubles rangées de piquets sont attachées par paires, perpendiculairement au lit de semence. Les paires de piquets sont reliées au sommet par une latte horizontale, formant ainsi une longue tente. Les pieds des paires de piquets sont espacés de 80 cm, les paires de piquets de 100 cm. Lʼavantage de cette construction est que lʼon peut utiliser des matériaux moins robustes comme le roseau. Lʼinconvénient des structures en tipi et en tente canadienne est une récolte laborieuse des haricots suspendus à lʼintérieur du feuillage, ainsi quʼune exposition solaire et une aération sous-optimales des plants.
Ligne de grillage - Des piquets robustes sont placés tous les 4 m sur un même rang. Un fil métallique est tendu entre les piquets à une hauteur de 2 m. Des ficelles sont attachées au fil supérieur et pendent, servant ainsi de support pour les haricots grimpants. Une autre solution consiste à suspendre au fil supérieur un filet en fil de fer ou en nylon dʼune largeur de maille de 10 cm par 10. Ce système offre une exposition solaire et une aération idéales de la culture. Cependant, le coût du matériel peut sʼavérer prohibitif.
Tuteurs vivants - Des matériels vivants tels que le maïs ou le manioc sont cultivés en association et utilisés comme support à la place des tuteurs simples, des piquets ou du fil de fer. Les tiges de maïs dʼune récolte précédente sont laissées sur pied pour soutenir les haricots grimpants. Dʼautres matériels tels que les tiges de manioc peuvent être utilisés pour fabriquer des tuteurs simples, des lignes de grillage, des tipis ou des tentes canadiennes servant de support pour les haricots. Le manioc développe des racines, ce qui le rend plus stable. Il doit néanmoins être élagué régulièrement pour ne pas faire dʼombrage aux haricots.
Améliorer la fertilité des sols
Bien que les haricots puissent être cultivés sur quasiment tous les types de sol, les limons sableux profonds, bien drainés et au pH moyen sont optimaux. Les sols improductifs peuvent être améliorés en employant les approches suivantes. La première vise à prévenir la perte de matière organique du sol. La deuxième consiste à incorporer des matériaux organiques (engrais verts, compost ou fumier animal p. ex.), ce qui augmentera la matière organique et les teneurs en nutriments du sol.
a. Conservation des sols
Les haricots sont des plantes délicates, susceptibles dʼêtre brisées par le vent ou lʼeau qui ruisselle des terres en amont, même dans les zones en pente douce. Il est donc fortement conseillé de cultiver les haricots (nains ou grimpants) intercalés avec des plantes plus hautes et plus robustes comme le maïs et le manioc. En outre, un terrassement approprié est nécessaire pour protéger le sol et la perte de matière organique.
b. Ajout de matériaux organiques
Les haricots requièrent des quantités modérées dʼazote en raison de la symbiose avec les rhizobia qui transforment lʼazote atmosphérique en azote disponible pour les plantes. Dans les sols pauvres, une petite quantité dʼazote provenant dʼune source riche en azote doit être apportée avant le semis pour profiter de la phase de croissance initiale, lorsque les rhizobia ne sont pas encore actives. Les rhizobia se développent mieux et plus rapidement dans un sol auquel du compost a été ajouté.
Les matériaux organiques tels que le fumier animal ou le compost doivent être appliqués de manière à être bien incorporés dans le sol lors de sa préparation en vue de la plantation. Le fumier animal ou le compost contribueront considérablement au maintien et à lʼaugmentation de la fertilité du sol. Celle-ci peut également être accrue en cultivant des engrais verts et en les enfouissant dans le sol par bêchage ou labourage. Les résidus de culture doivent être compostés avant application pour apporter des bénéfices aux haricots. Le fumier frais doit être évité, car il attire la mouche du haricot. Par conséquent, seul le fumier composté doit être appliqué dans les plantations de haricots. Il est généralement préférable de fournir un bon apport de fumier animal à la culture précédente dans la rotation, car les haricots nʼauront alors pas besoin dʼapplications supplémentaires.
Partage d'informations sur la gestion locale de la fertilité des sols dans la production de haricots
Interroger les agriculteurs sur leur approche de la gestion de la fertilité des sols dans les champs de haricots en posant les questions suivantes :
- Cultivez-vous les haricots avec d'autres cultures en même temps ou en rotation ?
- Appliquez-vous de la fumure organique aux champs avant ou après la plantation ?
- Identifiez les lacunes des méthodes utilisées et recommandez des modifications appropriées.
Lutte appropriée contre les adventices
Les adventices contribuent à la biodiversité sur la parcelle, mais concurrencent les haricots pour lʼeau, les nutriments et la lumière. La lutte contre les adventices dans la culture du haricot nain est nécessaire jusquʼà ce que le feuillage des haricots recouvre les rangs, empêchant ainsi la croissance des adventices. Le désherbage sʼeffectue à lʼaide dʼune houe manuelle ou mécanique. Outre le binage, le buttage est utile pour assurer une meilleure stabilité de la plante, la protection du collet et la formation de racines latérales. Le buttage couvre également les adventices qui poussent dans le rang. Les adventices qui nʼont pas été étouffées ou ne peuvent pas être enlevées mécaniquement sont arrachées à la main. Lors du premier binage, le buttage est effectué lorsque les plants de haricots ont une hauteur dʼenviron 15 cm.
Étant donné que les haricots grimpants ne couvrent jamais complètement le sol entre les rangs, la lutte contre les adventices doit être effectuée pendant une période plus longue que pour les haricots nains, surtout au cours de la première moitié du cycle de croissance. La croissance des adventices au cours de la seconde moitié du cycle de croissance nʼinfluence pas significativement le rendement, mais il faut veiller à ne pas laisser les adventices monter en graines.
Gestion appropriée des ravageurs et des maladies
Les haricots sont affectés par un certain nombre de ravageurs et de maladies. Les principaux insectes nuisibles sont, par ordre dʼimportance, le puceron, le ver gris, la mouche de la tige du haricot (mouche du haricot) et les ravageurs des denrées entreposées tels que le charançon (bruche du haricot). Les maladies comprennent, par ordre dʼimportance, le virus de la mosaïque du haricot, la bactériose du haricot, la rouille, le pourridié, lʼanthracnose et la maladie des taches anguleuses. La gestion biologique des ravageurs et des maladies dans la production de haricots intègre un arsenal complet de pratiques préventives permettant dʼéviter lʼintroduction et la propagation des ravageurs et des maladies. La gestion individuelle de ravageurs et de maladies spécifiques est difficile dans le cas des haricots, car il sʼagit de cultures à cycle très court. Lʼutilisation de pesticides de synthèse nʼest pas autorisée dans la culture biologique du haricot.
Il est possible de lutter efficacement contre les ravageurs et les maladies en utilisant les approches suivantes :
Utilisation de variétés améliorées - Sélectionnez des variétés améliorées ayant un bon potentiel de rendement et, si possible, résistantes aux maladies courantes ou tolérantes aux principaux ravageurs et adaptées aux conditions environnementales locales. Les semences doivent être obtenues auprès de semenciers agréés ou soigneusement sélectionnées pour éviter lʼintroduction de maladies transmises par les semences, comme les virus.
Gestion adéquate des parcelles - Les plantes à croissance vigoureuse sont plus résistantes et peuvent tolérer les ravageurs et les maladies. La culture dʼune plante saine commence par la sélection dʼun site approprié, caractérisé par un sol meuble et fertile, qui favorise une levée rapide afin dʼéviter les ravageurs tels que la mouche du haricot. Du fumier frais ne doit pas être appliqué sur la parcelle afin dʼéviter la mouche du haricot.
Plantation précoce - Pour éviter le stress hydrique et pour un bon désherbage, il est recommandé de planter tôt. Une plantation précoce favorise également une croissance rapide des plants. Les ravageurs peuvent être régulés en encourageant la biodiversité fonctionnelle. Il sʼagit dʼencourager les ennemis naturels des ravageurs à se développer et à se multiplier librement. La population dʼinsectes auxiliaires, qui se nourrissent de ravageurs agricoles, augmente. Ainsi, le syrphe, prédateur du puceron, peut également sʼattaquer au puceron du haricot. Comme de nombreux insectes auxiliaires dépendent du nectar et du pollen des plantes hôtes, il est conseillé de faire pousser des plantes à fleurs en bordure ou le long des des terrasses de la parcelle.
Hygiène des cultures - Une autre mesure préventive efficace est lʼhygiène des cultures. Éliminez de la parcelle tous les plants présentant des symptômes de maladie virale et brûlez-les ou enterrez-les. Le matériel de plantation infesté ne doit pas être laissé sur la parcelle, mais transformé en compost. Procédez ensuite à la rotation des cultures. Autrement dit, les haricots ou autres légumineuses ne doivent pas être cultivés sur les mêmes parcelles pendant 2 saisons consécutives.
Composés soufrés - Pulvérisez des composés soufrés à une concentration de 0,2 % dès les premiers signes dʼinfection par la rouille. Certaines variétés sont sensibles au soufre ; faites des essais de pulvérisation avant de traiter tous les plants. Sur les petites parcelles, après une identification régulière des ravageurs, des extraits botaniques (feuilles de Tephrosia, Tithonia, souci, Datura et neem, p. ex.) peuvent être utilisés pour éliminer les ravageurs qui échappent aux mesures de lutte.
Gestion des ravageurs des denrées entreposées - Le ravageur des denrées entreposées le plus nuisible signalé par les producteurs de haricots secs est la bruche du haricot (Acanthoscelides obtectus). Un séchage approprié et un entrepôt propre constituent le meilleur moyen de lutter contre les charançons ou bruches du haricot. Les feuilles de végétaux séchées (telles que Tephrosia, Tithonia, souci et Datura) sont également efficaces pour lutter contre la bruche du haricot si elles sont mélangées aux haricots avant le stockage.
Visite sur le terrain pour identifier les ravageurs et les maladies du haricot
Si possible, visitez différents champs de haricots et identifiez tous les signes observables de problèmes de parasites ou de maladies. Informez-vous sur l'identification et les connaissances sur les ravageurs et les maladies en posant les questions suivantes :
- Connaissez-vous les signes d'infection par les ravageurs et les maladies identifiés ?
- Avez-vous fait un suivi pour voir à quel moment ces ravageurs et maladies sont le plus susceptibles d'attaquer et quels sont les dommages causés ?