Réduction des pertes de récolte et des pertes postrécolte
La récolte du fonio est souvent échelonnée pour répondre aux besoins immédiats de la famille de l’agriculteur. Mais une récolte tardive peut entraîner d’importantes pertes de grains dues aux oiseaux, à l’égrenage et à la moisissure. La récolte manuelle prend du temps et la transformation du fonio est longue et complexe, sujette à la contamination par le sable et à d’importantes pertes de grains, principalement en raison de la petite taille de ces derniers.
De nombreux agriculteurs ont abandonné la production de fonio en raison du temps que prennent la récolte et les opérations postrécolte. L’efficacité de la récolte et des opérations postrécolte détermine dans une large mesure le bénéfice que réalise un agriculteur. Les mesures visant à réduire les pertes de grains comprennent la récolte en temps voulu, le séchage adéquat des grains et la mise en œuvre de méthodes améliorées pour les opérations postrécolte. Les mesures visant à réduire les coûts de main-d’œuvre comprennent la mécanisation de la récolte et des opérations postrécolte.
Récolte
Aujourd’hui, le fonio est encore entièrement récolté à la main. Pour ce faire, on coupe les plantes séchées à l’aide d’un couteau ou d’une faucille et on les rassemble en gerbes. La récolte manuelle prend beaucoup de temps. La mécanisation de la récolte pourrait contribuer à une récolte plus efficace, mais elle se heurte à la verse des plantes de fonio au moment de la récolte et aux liquidités limitées des agriculteurs.
Pour éviter des pertes importantes de grains dues à l’égrenage avant et pendant la récolte, les grains doivent être récoltés dès qu’ils sont mûrs et avant que la saison sèche ne soit complètement établie et que l’humidité de l’air n’ait diminué. Lors de la récolte à la faucille, la hauteur de la coupe varie selon que la paille est destinée ou non à l’alimentation animale.
Les rendements en grains du fonio varient généralement de 200 kg par hectare sur des terres marginales à 600 kg ou plus en cas de bonne gestion.
Pré-séchage
Après la récolte, les gerbes de fonio sont séchées pendant environ une ou deux semaines (ou plus), avant d'être battues. La paille bien séchée se prête bien au battage mécanique. Pour le séchage, les gerbes sont empilées en tas ronds ou oblongs en bordure du champ, construits sur de simples structures en bois pour améliorer l'aération. Dans des conditions humides, ces tas peuvent développer de la chaleur en raison d'une aération insuffisante et des processus de décomposition, ou favoriser le développement de moisissures. Ces deux phénomènes réduisent la qualité des grains et peuvent entraîner des pertes de grains. Par conséquent, ces tas doivent être contrôlés régulièrement et doivent être démontés dès qu'ils développent de la chaleur à l'intérieur.
Battage et tamisage
Traditionnellement, le battage se fait à la main, ce qui est très laborieux. De plus, le battage traditionnel sur un sol non pavé entraîne des taux élevés de contamination par le sable, alors que le battage sur une surface pavée est légèrement mieux. Le battage sur une toile est considéré comme le meilleur en cas de battage manuel.
Pour le battage mécanique, des batteuses à riz ont été adaptées pour être utilisées pour le fonio, traitant 250 à 300 kg de grains par heure. Le passage du système manuel au système mécanique peut apporter aux agriculteurs des bénéfices bien supérieurs aux investissements. La mécanisation des opérations postrécolte s’avère essentielle pour réduire le travail et améliorer la qualité et la disponibilité du fonio commercialisé. Cependant, le coût relativement élevé de l’achat d’une batteuse peut constituer une contrainte pour certains agriculteurs. Pour réduire les coûts, les agriculteurs devraient former des groupes pour acheter des machines au niveau du village, ou alors les services de battage devraient être fournis aux agriculteurs par le secteur privé.
Le tamisage des grains après le battage permet d’éliminer une partie du sable, qui userait sans cela les machines lors des opérations ultérieures, et devrait de toute façon être éliminé pour la production alimentaire.
Séchage
Le fonio battu, également appelé « fonio paddy » ou « fonio brut », nécessite un séchage supplémentaire de 4 à 5 jours, car les balles restent encore sur les grains. Le fonio paddy est généralement séché au soleil sur des nattes traditionnelles ou sur des bâches en toile ou en plastique. Les grains sont suffisamment secs lorsqu’ils passent facilement entre les doigts (taux d’humidité inférieur à 11 %).
Stockage
Les grains de fonio bien séchés se conservent bien et peuvent être gardés pendant de nombreux mois, voire des années. Ils ne sont pas susceptibles d’être endommagés par les parasites de stockage. Pour le stockage, les grains sont généralement versés en vrac dans des greniers traditionnels en argile. Sinon, le produit est stocké dans des sacs en jute ou en polypropylène tissé pour la vente.
Décorticage et blanchiment
Les grains séchés subissent ensuite deux opérations : l’élimination de la balle des grains (étape du décorticage) et l’élimination de la paroi du fruit et du germe (étape du blanchiment). Le décorticage et le blanchiment nécessitent 4 à 5 passages au pilon et au mortier, alternés avec un vannage, lorsqu’ils sont effectué
s à la main. Pour le décorticage et le blanchiment mécaniques, la décortiqueuse GMBF (Guinée-Mali-Burkina-France) a été mise au point par le CIRAD, avec un rendement d’environ 100 kg de grains par heure.
Après le blanchiment, les grains de fonio doivent être nettoyés pour éliminer le son et les corps étrangers tels que le sable. Le nettoyage se fait traditionnellement par des lavages répétés, ce qui est une opération extrêmement longue et fastidieuse.