Introduction
Le fonio blanc (Digitaria exilis), également appelé « acha » ou « fundi », est une céréale mineure cultivée dans toute l’Afrique de l’Ouest, du Sénégal au lac Tchad. Il s’agit tant d’un aliment de base commun que de prestige, et d’un produit gastronomique. Les plantes, qui atteignent une taille de 30 à 80 cm, produisent de minuscules grains de 1,0 à 1,5 mm de long d’excellente qualité nutritionnelle et constituant également un aliment précieux et facile à digérer pour la volaille. La paille et la balle constituent un excellent fourrage et sont souvent vendues sur les marchés ouest-africains. La paille est également hachée et mélangée à de l‘argile pour construire les murs des maisons, ou utilisée comme combustible pour cuisiner ou produire des cendres pour la potasse.
Le fonio est une source de nourriture pour plusieurs millions de personnes lorsque les autres ressources alimentaires sont rares, apportant ainsi une contribution essentielle à la sécurité alimentaire. En raison de son cycle de croissance court, de 70 à 150 jours, les agriculteurs peuvent semer cette culture deux fois dans l‘année, si les conditions le permettent. Si les agriculteurs cultivent des cultivars à cycle très court, le fonio leur permet de couvrir la saison critique avant la récolte des principales cultures vivrières.
Le fonio pousse sur des sols très pauvres, sur lesquels les autres céréales n’y arrivent pas. Cependant, sa faible capacité de rendement et sa transformation traditionnelle très laborieuse ont freiné son développement.
La production de fonio est confrontée à plusieurs défis :
Faible fertilité des sols. L’une des raisons des faibles rendements qui ont été attribués à cette culture, est que le fonio est principalement cultivé sur des sols sablonneux pauvres, considérés comme trop infertiles pour d‘autres céréales. Le fonio demande très peu de nutriments, et occupe donc généralement la dernière place dans les systèmes de rotation avant une jachère de plusieurs années. L‘apport d‘éléments nutritifs et d‘eau n‘est généralement pas considéré comme pertinent par les agriculteurs. Pour la préparation du sol, de nombreux agriculteurs brûlent la végétation de la jachère et répandent les cendres. Ce procédé détruit la matière organique de la couche arable, qui est essentielle pour la fertilité et la conservation de l‘humidité du sol.
Utilisation de cultivars à faible rendement. La culture du fonio repose principalement sur des variétés rustiques traditionnelles. Ainsi, les agriculteurs utilisent les graines de la récolte précédente pour mettre en place la nouvelle culture. Les variétés traditionnelles sont souvent moins productives que les quelques variétés améliorées existantes, malgré leur bonne adaptation aux conditions de culture marginales.
Désherbage inadéquat. En raison de la capacité du fonio à s‘implanter rapidement, les agriculteurs ne désherbent généralement pas les champs. La culture se retrouve en compétition avec les mauvaises herbes, ce qui peut réduire sa capacité à avoir un bon rendement.
Ravageurs et maladies. La sensibilité du fonio aux ravageurs et aux maladies est faible. Néanmoins, certains champignons peuvent affecter la culture en croissance. Les moisissures des grains sont aussi fréquentes. La mauvaise herbe parasite striga, en particulier Striga rowlandi, connue pour être abondante en Afrique de l‘Ouest, peut causer de sérieux dommages à la culture. Les insectes nuisibles peuvent également causer des pertes importantes ; les oiseaux se nourrissent des grains en cours de maturation.
Pertes de récolte élevées et gestion postrécolte laborieuse. La verse et l‘égrenage entraînent des pertes de grains élevées. La verse du fonio est fréquente en raison de la fragilité de ses pousses. L‘égrenage dans les cultures matures est un autre problème. En cas de retard de récolte, les pertes de grains peuvent atteindre 25 %. Le battage et le décorticage sont des tâches qui demandent beaucoup de main-d‘œuvre et sont difficiles à réaliser. Elles sont traditionnellement effectuées sans machine, en battant ou en piétinant les gerbes de fonio, souvent sur un sol plat non pavé ou sur des rochers, ce qui entraîne une contamination du produit par du sable.
Faible évaluation socioéconomique. Le fonio occupe un rang peu élevé dans la production céréalière régionale en raison de ses faibles rendements et de sa valeur commerciale plutôt faible. Cela le rend moins compétitif que d‘autres céréales comme le millet perlé, le sorgho ou le maïs, et entrave son amélioration. Jusqu‘à présent, les sélectionneurs ont peu contribué à fournir des cultivars améliorés.
Malgré toutes ces contraintes, la production totale de fonio en Afrique de l‘Ouest a augmenté régulièrement depuis 1980, principalement en raison d‘une augmentation de la superficie récoltée. Cependant, il reste un potentiel d‘amélioration considérable tant au niveau de la production que de la transformation. La poursuite de cette amélioration dépend de meilleurs cultivars, d‘une meilleure gestion des cultures et de méthodes de transformation moins laborieuses.
Discussion : Evaluation de la situation de la production de fonio
S'enquérir de l'état de la production de fonio dans la région, en utilisant les questions suivantes :
- Le fonio est-il une culture courante dans la région ?
- Dans quelles conditions est-il couramment cultivé ?
- Quels sont les rendements moyens ?
- Quelle attention est accordée à cette culture ?
- Quelles sont les principales contraintes à un bon rendement du fonio ?
Discussion sur les améliorations potentielles de la production de fonio
Discutez avec les agriculteurs des améliorations potentielles de la production de fonio en fonction des défis actuels :
- Comment améliorer la croissance et le rendement des cultures ?
- Comment réduire les pertes de récolte et post-récolte ?
- Comment simplifier la transformation ?