Introduction

La plupart des denrées alimentaires produites en Afrique, en particulier en Afrique subsaharienne, proviennent de petites exploitations familiales. Les petits exploitants africains sont confrontés à de nombreux défis qui limitent leurs rendements et leur productivité, ce qui se traduit par de faibles revenus et une insécurité alimentaire. L'un des principaux goulets d'étranglement de l'agriculture paysanne est que 60 à 80 % des terres africaines sont encore cultivées à l'aide d'outils manuels, en s'appuyant presque exclusivement sur la force musculaire de l'homme. Il en résulte un niveau élevé de pénibilité, en particulier pour les femmes qui effectuent la plupart des travaux agricoles. Cela décourage également les agriculteurs et incite les hommes et les jeunes à quitter les zones rurales pour s'installer dans les villes afin d'y trouver d'autres possibilités d'emploi. La dépendance à l'égard de la force humaine et l'utilisation d'outils manuels contribuent à la réduction de la production agricole et à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle.

L'agriculture biologique est un ensemble de pratiques visant à maintenir les rendements agricoles tout en préservant la nature et en protégeant la santé des agriculteurs et des consommateurs. C'est une façon de produire des produits agricoles de bonne qualité en harmonie avec la nature. Les agriculteurs biologiques utilisent une combinaison de connaissances traditionnelles et scientifiques pour réduire l'érosion des sols, assurer le recyclage des nutriments par l'ajout de matières organiques, diversifier la production pour lutter contre les ravageurs et les maladies, et n'utiliser des intrants d'origine naturelle qu'en cas de besoin. Les agriculteurs biologiques optimisent les conditions de croissance des cultures en renforçant la fertilité naturelle du sol pour assurer un bon approvisionnement en nutriments et en eau, en créant des systèmes de culture diversifiés et en favorisant les ennemis naturels des ravageurs, en recyclant les matières organiques et le fumier et en utilisant des intrants naturels tout en renonçant aux pesticides et aux engrais chimiques. Outre des rendements durables et des avantages pour la santé, l'agriculture biologique présente d'autres avantages : moins d'incidences négatives sur l'environnement, une plus grande biodiversité et un environnement exempt de produits chimiques potentiellement dangereux. De plus amples informations sur les principes et les pratiques de l'agriculture biologique sont disponibles sur le site web d'IFOAM Organics International, à l'adresse ifoam.bio.

Malgré les nombreux avantages de l'agriculture biologique, il existe plusieurs inconvénients qui limitent ou contraignent souvent les petits exploitants à pratiquer l'agriculture biologique de manière optimale. Voici quelques-uns de ces goulets d'étranglement :

Difficultés liées à la gestion des mauvaises herbes : dans le cadre de l'agriculture conventionnelle, certains agriculteurs peuvent utiliser des technologies telles que les herbicides pour contrôler les mauvaises herbes sur leurs exploitations. Ces produits chimiques ne sont pas autorisés dans le cadre de l'agriculture biologique. Outre les défis liés à l'intensité des mauvaises herbes, il existe des goulets d'étranglement au niveau de la main-d'œuvre pour réaliser un contrôle efficace et en temps voulu des mauvaises herbes. Les agriculteurs peuvent subir des pertes de rendement en raison de la forte concurrence des mauvaises herbes. En outre, les cultures de plantation telles que le café, le cacao, les bananes, les agrumes et autres sont souvent plantées en grandes monocultures et peuvent nécessiter beaucoup de main-d'œuvre pour le désherbage et d'autres opérations.

Forte infestation de parasites et de maladies : La forte pression exercée par les ravageurs et les maladies exige des techniques appropriées pour les combattre afin d'éviter des pertes de rendement économique dans une situation où les produits chimiques de synthèse sont interdits.

Souvent appelées agriculture biologique écologique sur le continent africain (en référence au grand nombre d'agriculteurs qui pratiquent l'agroécologie), les pratiques biologiques sont l'une des nombreuses méthodes envisagées pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que les revenus des ménages de petits exploitants agricoles sur le continent. De nombreux pays africains prennent des mesures pour inclure l'agriculture biologique dans les conversations et les débats sur l'alimentation, la nutrition et l'agriculture au niveau gouvernemental. En 2011, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine (UA) ont pris la décision à haut niveau de reconnaître l'importance de l'agriculture biologique pour l'agriculture durable et la réduction de la pauvreté. Une initiative EOA (EOA-I) a été lancée pour intégrer les pratiques EOA dans les politiques, plans et stratégies nationales d'ici 2025. Bien qu'il s'agisse encore d'un mouvement relativement modeste sur l'ensemble du continent, l'agriculture biologique dans de nombreux pays africains est une pratique en plein essor qui devrait se développer et s'étendre au cours des prochaines années.

Certaines recherches ont montré qu'en Afrique, avec des sols sains, des pratiques optimales adaptées au contexte local et une utilisation appropriée de la technologie, les petits exploitants agricoles biologiques peuvent obtenir des rendements aussi élevés que les exploitants agricoles conventionnels et être en mesure de maintenir ces rendements à long terme.