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Qu'est-ce que l'agriculture biologique ?

L'agriculture biologique est considérée comme l'une des approches les plus cohérentes de la famille des systèmes de production durables. En raison de l'interdiction ou l'usage restreint de beaucoup de techniques de contrôle direct telles que les pesticides, les herbicides, les engrais rapides et les médicaments vétérinaires, les fermiers bio s'appuient essentiellement sur les pratiques préventives et axées sur le système. L'agriculture bio est un système de production qui vise à préserver la santé des sols, les écosystèmes et les êtres humains. Elle est basée sur les processus écologiques, la biodiversité, les cycles adaptés aux conditions locales et l'utilisation d'intrants de la ferme ou de la région. L'agriculture bio combine tradition, innovation et science pour le bien de l'environnement commun et favorise des relations équitables et une bonne qualité de vie pour toutes les personnes impliquées.

On peut dire par conséquent que l'agriculture biologique :

  • travaille avec la nature pour créer un équilibre sain entre l'agriculture et les ressources disponibles dans la nature, tout en augmentant la résilience des systèmes alimentaires ;
  • n'utilise pas de pesticides ni engrais chimiques de synthèse ;.
  • renonce aux additifs dans la nourriture du bétail et minimise l'usage de médicaments vétérinaires de synthèse ;
  • exclut les organismes génétiquement modifiés, qu'il s'agisse de semences, de plantes ou d'animaux ;
  • tire le meilleur profit des connaissances scientifiques traditionnelles et récentes pour créer des pratiques agricoles idéales et adaptables aux conditions et opportunités locales ;
  • repose sur des pratiques écologiquement durables telles que l'amendement du sol avec du matériel organique pour améliorer et maintenir sa productivité, la prévention maximale des maladies avec des cultivars tolérants, ou encore la conception et l'amélioration d'insectes bénéfiques pour contrôler les ravageurs ;
  • établit, partout où cela est possible, des chaînes de commercialisation intégrées du champ à l'assiette qui garantissent un partage équitable des bénéfices des produits bio à tous les partenaires de la chaîne agroalimentaire.

Caractéristiques de la nourriture et des systèmes d'agriculture biologiques

La gestion moderne d'une ferme bio a pour but de maximiser la stabilité des écosystèmes agricoles. Elle repose sur l'amélioration de la fertilité des sols par l'incorporation de légumineuses et de compost, et par le renforcement du recyclage local d'éléments nutritifs et de matière organique. Elle utilise de nombreuses mesures préventives copiées sur la nature afin de lutter contre les maladies et ravageurs dans les cultures et le bétail. De plus, comme elle bannit les pesticides de synthèse et n'effectue qu'un travail délicat et prudent, avec peu d'additifs, l'agriculture biologique offre aux consommateurs une nourriture saine et de haute qualité. Le concept biologique de la manière de cultiver, produire et transformer les aliments est contrôlé au niveau mondial par un ensemble de réglementations et de standards très similaires. Le commerce est facilité grâce à la certification par des tiers provenant d'organes accrédités. De plus, et dans le but de répondre aux besoins des petits exploitants et des consommateurs locaux à faibles revenus, des dizaines de milliers de fermes des pays en développement sont engagés dans des Systèmes de garantie participatifs (SGP).

En 2009, 37,2 millions d'hectares de surface agricole étaient gérées biologiquement dans 160 pays (FiBL et IFOAM 2011)2. Pour ce qui est de l'Afrique en 2009, plus d'un million d'hectares de terres étaient certifiées bio. La surface biologique était plus de 15 fois supérieure à celle que l'on comptait en 2000. Les ventes d'aliments et de boissons biologiques ont augmenté d'environ cinq pour cent pour atteindre 54,9 milliards de dollars américains3 en 2009.

2 FiBL et IFOAM (2011): The World of Organic Agriculture: Statistics and Emerging Trends. Édité par Gilles Weidmann et Lukas Kilcher. Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (IFOAM), Bonn, et Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), Frick

3

1 dollar américain = 0,71895 euros; taux de change moyen en 2009, Source: www.oanda.com/lang/de/currency/average

www.ifoam.org/about_ifoam/principles/index.html

 

Principes de l'agriculture biologique

Les principes de l'agriculture biologique tels qu'ils sont définis par l'IFOAM (Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique) – l'organisation faîtière mondiale des organisations bio – s'appliquent à l'agriculture dans un contexte plus vaste, y compris la façon dont les fermiers gèrent les sols, l'eau, les plantes et les animaux afin de produire, transformer et distribuer des produits alimentaires et non-alimentaires. Les quatre principes de base de santé, d'écologie, d'équité et de soin peuvent être vus comme la base sur laquelle on développe l'agriculture biologique. Les principes édictés par l'IFOAM donnent une orientation générale ; ce sont les ministères nationaux responsables des législations spécifiques et les organismes de certification privés qui se chargent de définir plus précisément les règles et réglementations correspondantes. Dans l'Union européenne, l’ensemble des états membres est soumis à une législation biologique commune (voir module 7). Les principes des standards de l'IFOAM sont expliqués plus en détail ci-dessous :

Santé

Que ce soit dans la culture, la transformation, la distribution ou la consommation, l'agriculture bio s'efforce de soutenir et d'améliorer la santé des écosystèmes et des organismes, des plus petits organismes du sol aux êtres humains. En particulier, l'agriculture bio a pour but de produire des aliments nourrissants et de haute qualité qui contribuent aux soins préventifs et au bien-être. En tant que telle, la santé commence par une nourriture équilibrée qui évite ou supprime l'usage d'engrais chimiques, de pesticides, de médicaments vétérinaires et d'additifs alimentaires chimiques de synthèse, qui peuvent avoir des effets secondaires indésirables sur la santé et le bien-être.

Écologie

L'agriculture biologique ainsi que les systèmes pastoraux ou de récolte à l'état sauvage doivent s'aligner sur les cycles et équilibres écologiques de la nature. Ces cycles sont universels mais ils opèrent en fonction du site. La gestion bio doit être adaptée aux conditions, à l'écologie, à la culture et à l’échelle locale. Il convient de réduire les intrants par la réutilisation, le recyclage et la gestion efficace de matériaux et d'énergie pour maintenir et améliorer la qualité environnementale et préserver les ressources. Ceux qui produisent, transforment, vendent ou consomment des produits bio devraient protéger et faire profiter l'environnement commun, qui inclut les paysages, le climat, les habitats, la biodiversité, l'air et l'eau.

Équité

Ce principe met en avant l'implication dans de plus grandes communautés. Dans l'agriculture bio, les relations humaines devraient être gérées de façon à assurer l'équité à tous les niveaux et entre toutes les parties – fermiers, travailleurs, transformateurs, distributeurs, vendeurs et consommateurs. L'agriculture bio devrait assurer une bonne qualité de vie à toutes les personnes impliquées, et contribuer à la souveraineté alimentaire et la réduction de la pauvreté. Elle a pour but un approvisionnement suffisant en nourriture et autres produits de bonne qualité. Selon ce principe insiste également, les animaux doivent bénéficier de conditions et opportunités de vie en accord avec leur physiologie, leur comportement naturel et leur bien-être. Enfin, les ressources naturelles et environnementales utilisées pour la production et consommation devraient être gérées équitables, du point de vue social et écologique, et comme un emprunt aux générations futures.

Soin

Ce principe stipule que la précaution et la responsabilité sont les principaux problèmes dans la gestion, le développement et le choix des technologies de l'agriculture biologique. Comme on ne comprend pas entièrement les écosystèmes et l'agriculture, la prudence est de mise. Il faut donc évaluer les nouvelles technologies et passer en revue les méthodes existantes. La science est nécessaire pour assurer que l'agriculture bio soit saine, sûre et écologiquement viable. Cependant, les connaissances scientifiques ne suffisent pas. L'expérience pratique, la sagesse accumulée et le savoir traditionnel et indigène offrent des solutions valables, éprouvées au fil du temps. L'agriculture bio souhaite prévenir des risques importants en adoptant des technologies appropriées et en rejetant celles qui sont imprévisibles, comme le génie génétique. Les décisions devraient refléter les valeurs et besoins de tous ceux qui pourraient être concernés, à l'aide de processus transparents et participatifs.

Agriculture biodynamique

L'agriculture biodynamique satisfait à tous les principes et les standards de l'agriculture biologique, mais elle fait un pas de plus en intégrant des aspects philosophiques. L'agriculture biodynamique s'inspire du concept philosophique appelé « anthroposophie » développé dans les années 1920 par le philosophe autrichien Rudolf Steiner. Le terme « biodynamique » se réfère aux aspects biologiques de la nature (c.-à-d. le sol physique, l'eau, les plantes, les animaux) ; le « dynamique » est lié aux forces cosmiques formatives qui sont à la base du monde physique. Les produits biodynamiques portent le label « Demeter », qui est le label bio le plus connu dans le monde. L'agriculture biodynamique se pratique aussi en Afrique (voir par exemple l'Association agricole biodynamique de l'Afrique australe sur www.bdaasa.org.za). Les éléments qui constituent l'agriculture biodynamique sont les suivants :

  • La ferme en tant qu'organisme : Une ferme est considérée comme un organisme complet intégrant les plantes, les animaux et les êtres humains. Le bon nombre d'animaux doit fournir le fumier nécessaire à la fertilité du sol et la nutrition des plantes, et ces animaux doivent être nourris par des aliments de la ferme.
  • Préparations biodynamiques : Les matériaux végétaux et animaux naturels sont combinés pour former sept différentes préparations de base. Avec des méthodes de stockage spécifiques, les préparations sont « chargées » de forces cosmiques et sont ensuite appliquées – lorsque la constellation cosmique est correcte – en forme hautement diluée aux tas de compost, au sol ou directement aux plantes.  Les forces et substances de ces préparations soutiennent, stimulent et harmonisent les mécanismes de régulation dans le système.
  • Rythmes cosmiques : Le rythme du soleil, de la lune, des planètes et des étoiles influence la croissance des plantes. En synchronisant les activités de travail du sol, d'application des préparations, de semailles et de récolte, l'agriculteur peut utiliser ces forces pour stabiliser et améliorer les performances de la ferme.
  • Vitalité : Outre les caractéristiques physiques et chimiques, un produit a aussi une dimension de « qualité vitale ». Ainsi, les fermiers et jardiniers biodynamiques s'efforcent également d'augmenter la « qualité vitale » de leurs produits.

Comment les exploitants concrétisent-ils les principes de l'agriculture bio ? Les cinq thèmes suivants sont des résumés qui seront traités en détail dans les prochains modules:

Les agriculteurs bio améliorent et préservent les conditions du sol

Les agriculteurs bio accordent une importance primordiale à l'amélioration et la préservation des conditions du sol. Ils protègent la couche supérieure et la matière organique du sol grâce au contrôle de l'érosion, au paillage, aux cultures de couverture, aux engrais verts, au compost, à une mécanisation et des méthodes de gestion adéquates ainsi que des pratiques de travail du sol minimal pour éviter le tassement et la dégradation du sol. Toutes ces mesures améliorent et stabilisent la structure physique du sol, augmentent son aptitude à absorber et stocker l'eau et les éléments nutritifs, et stimulent l'activité des organismes vivant dans le sol et des racines pour de meilleures performances des plantes.

Comment les agriculteurs biologiques nourrissent le sol

Un sol fertile est la base d'une bonne production végétale et animale. Il absorbe et retient suffisamment d'eau et de nutriments, et fournit les nutriments aux plantes de manière équilibrée, au moment où elles en ont besoin.

Du point de vue de l'agriculteur biologique, un sol fertile est un sol vivant contenant des insectes, des vers et des organismes plus petits. Ces organismes décomposent les matières végétales vertes et le fumier animal pour mettre les éléments nutritifs à la disposition des cultures.

Les agriculteurs biologiques protègent le sol contre les effets de l'eau et du vent. Ils minimisent également sa perturbation afin d'éviter de perturber les activités des organismes du sol.

Pour améliorer la fertilité du sol, les agriculteurs biologiques nourrissent régulièrement le sol avec du fumier animal et des matières végétales. Ils les mélangent et les transforment en un engrais de grande valeur appelé compost. Ils travaillent également les résidus de culture et les plantes vertes spécialement cultivées dans le sol.

Les agriculteurs bio recyclent les éléments nutritifs des plantes

La gestion des éléments nutritifs dans l'agriculture bio est basée sur les matériaux biodégradables (c.-à-d. les restes animaux et végétaux) qui peuvent être décomposés. Les exploitations tentent de créer des cycles fermés d'éléments nutritifs ; les éléments nutritifs qui quittent l'exploitation avec le produit vendu doivent être remplacés d'une manière ou d'une autre : à l'aide du compost, du mulch, des engrais verts, de la rotation des cultures et de plantes fixatrices d'azote. Les animaux de ferme jouent également un rôle important dans le cycle des éléments nutritifs : leurs excréments sont de grande valeur et leur utilisation permet de recycler les nutriments fournis avec le fourrage. Avec une gestion correcte, les pertes d'éléments nutritifs dues au lessivage, à l'érosion du sol et par des gaz peuvent être réduites au minimum. Les mesures mentionnées ci-dessus rendent les cultures moins dépendantes des apports de nutriments externes et aident à faire de grandes économies dans la production.

Les agriculteurs bio préservent et augmentent la diversité biologique

Les exploitations bio cultivent plusieurs plantes, y compris des arbres, dans des rotations soigneusement planifiées ou même dans des systèmes de polyculture. Idéalement, la production animale est également une partie intégrante du système agricole (voir ci-dessous). La diversité permet une utilisation optimale des ressources, et en plus, elle procure une certaine sécurité économique en diminuant le risque d'une perte de vitalité par des maladies, ravageurs, conditions météorologiques défavorables ou conditions du marché pour certaines cultures.

Ce n'est pas seulement la biodiversité des cultures et des animaux produits que recherchent les exploitations biologiques, mais également la biodiversité de la faune et de la flore sauvages. Une bonne partie de la faune sauvage est bénéfique dans le contrôle des ravageurs des cultures, et ainsi, assure et stabilise les récoltes. La mise à disposition et la préservation d'un habitat vital pour les espèces de la faune et de flore sauvages – de plus en plus menacées et en voie d'extinction – est un service extrêmement important et précieux que l'agriculture durable rend à la société dans son ensemble.

Il faut cependant reconnaître que le traitement et la gestion d'une grande biodiversité à la fois au sein des cultures et dans la faune et la flore sauvages exigent de l'agriculteur un haut niveau de connaissances, des compétences professionnelles poussées et une longue expérience.

Les agriculteurs bio pratiquent un contrôle naturel et biologique des maladies et ravageurs

Par un concept de plusieurs mesures préventives, les agriculteurs bio tentent de maintenir les maladies et ravageurs à un niveau qui ne soit pas économiquement dommageable. Dans ces mesures, l'accent est mis sur la vigueur et la robustesse, ou le potentiel d'autodéfense des cultures grâce à une gestion soigneuse. On utilise des cultivars résistants ou tolérants lorsqu'ils existent et remplissent les conditions du marché ; pour favoriser la présence d'insectes utiles, on crée un habitat et des sources de nourriture favorables aux insectes utiles. Si les ravageurs atteignent un seuil critique qui met en péril les rendements, on applique des préparations naturelles et des agents et méthodes de biocontrôle.

Comment les agriculteurs biologiques préservent la santé de leurs cultures

Une plante saine atteindra sa taille maximale dans le temps imparti et produira des aliments bien formés. Les agriculteurs biologiques s'efforcent donc de fournir de bonnes conditions de croissance aux plantes. Ils effectuent toutes les activités dans les champs à temps, plantent tôt dans la saison, enlèvent les mauvaises herbes avant qu'elles n'endommagent la culture, et enlèvent les branches excédentaires dans les cultures arboricoles avant la floraison pour assurer une bonne taille des fruits.

Les agriculteurs biologiques utilisent des variétés végétales robustes, qui ont été testées dans les conditions locales pour leur croissance rapide, leur résistance aux parasites et aux maladies et leur bon rendement.

Les agriculteurs biologiques vérifient soigneusement les ravageurs et les maladies avant de les utiliser.

Ils font pousser les cultures dans un ordre planifié pour affamer et tuer les ravageurs et les maladies qui vivent dans le sol.

Plus les agriculteurs empêchent les ravageurs et les maladies de se développer, moins ils doivent déployer d'efforts pour les contrôler.

Les agriculteurs bio intègrent l'élevage animal dans le système de production

Si possible, les agriculteurs bio intègrent les animaux de ferme dans leur système de production afin de favoriser le recyclage d'éléments nutritifs et d'utiliser les produits animaux pour subvenir aux besoins du ménage et optimiser les revenus familiaux par la vente. Les animaux doivent bénéficier des conditions et opportunités de vie conformes à leur physiologie et comportement naturel (p. ex. construction des étables et gestion du troupeau). La santé des animaux de ferme est assurée en premier lieu par une sélection de races robustes et adaptées au site, puis par une alimentation équilibrée, un habitat propre et sûr, un suivi continu et un contrôle des maladies et parasites à l'aide de moyens naturels.

Comment ils maintiennent les animaux en bonne santé

  • Les agriculteurs biologiques élèvent des animaux de ferme pour obtenir des œufs, du lait et de la viande. Les animaux de ferme fournissent également du fumier précieux pour améliorer la fertilité des sols.
  • Les agriculteurs biologiques traitent leurs animaux avec soin et respect. Ils les nourrissent et les logent correctement, et les préservent des parasites et des maladies. Cela permet aux animaux de se comporter naturellement, de grandir et de se reproduire correctement.
  • Les agriculteurs biologiques choisissent des races robustes qui poussent et produisent bien avec les aliments disponibles localement. Ils conservent également la forme naturelle de leurs animaux et ne raccourcissent pas les becs, ni les cornes, ni les queues.
  • Les agriculteurs biologiques fournissent des logements sûrs pour protéger les animaux de ferme des intempéries et des animaux sauvages. Le logement facilite le contrôle et le traitement des infections des animaux ainsi que la collecte des œufs, du lait et du fumier.
  • Pour soigner leurs animaux, les agriculteurs biologiques utilisent d'abord des substances naturelles. En cas de maladies dangereuses, ils utilisent également des médicaments synthétiques pour protéger la vie des animaux.

Avantages de l'agriculture biologique

L'agriculture biologique génère des bénéfices environnementaux et développementaux significatifs. Elle peut contribuer à un développement socioéconomique important et écologiquement durable, spécialement dans les pays plus pauvres. Cela est dû d'une part à l'application de principes biologiques qui entraînent une gestion efficace des ressources locales (p. ex. variétés de semences locales, fumier) et, par conséquent, une économie de frais. D'autre part, le marché des produits biologiques ouvre – au niveau local et international – des perspectives de croissance considérables et offre d'excellentes opportunités aux agriculteurs du monde entier pour améliorer leurs moyens de subsistance.

Pour savoir si l'agriculture biologique est une option viable dans une entreprise donnée, il faut examiner chaque situation individuellement. Quel est le potentiel de l'agriculture biologique pour résoudre les problèmes de faim et de pauvreté dans le monde ? En quoi l'agriculture biologique peut-elle contribuer au développement durable en Afrique, du point de vue social et écologique ? Cette section discute des trois groupes d'avantages mentionnés dans le rapport « Trade and Environment Review » de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED/UNCTAD) de 2009 et confirmés par de nombreuses études (citées plus bas):

1. Les exploitations biologiques offrent des avantages multifonctionnels.

2. Les exploitations biologiques sont bien adaptées au changement climatique.

3. L'agriculture biologique accroît la sécurité alimentaire.

Comparaison à long terme des systèmes de culture sous les tropiques

Il existe toute une mine de connaissances sur les bénéfices de l'agriculture biologique : Les ONG et les groupes d'agriculteurs adoptent de plus en plus souvent des techniques biologiques comme moyen d’améliorer la productivité et la sécurité alimentaire dans ces systèmes. La recherche et le développement se concentrent également sur la manière dont l'agriculture biologique peut contribuer à un développement durable. En 2006, le FiBL a lancé un réseau de comparaisons à long terme des systèmes agricoles sous les tropiques (Kenya, Inde et Bolivie). Le but de ce projet est d'examiner la contribution de l'agriculture bio sur la sécurité alimentaire, l'allègement de la pauvreté et la préservation de l'environnement. Les résultats préliminaires des comparaisons à long terme des systèmes de culture sous les tropiques seront disponibles dans quelques années.

1. Les exploitations biologiques offrent des avantages multifonctionnels

Par le passé, la production non-durable de nourriture, fourrage, fibre et carburant a fortement dégradé les écosystèmes mondiaux et les services que ces systèmes fournissaient pour la survie de l'être humain (Millennium Ecosystem Assessment, 2005). Chaque année, une surface de 10 millions d'hectares disparaît suite à l'érosion éolienne et hydrique, et cette surface n'est donc plus disponible pour la production de nourriture en raison de techniques agricoles non-durables (Pimentel et al., 1995).

Aucune autre forme de production agricole et alimentaire n’offre autant de bénéfices aux consommateurs et ne fournit un tel trésor de biens publics que les systèmes agricoles et alimentaires biologiques. De tels services aux écosystèmes comprennent notamment:

  • L'approvisionnement en eau pure,
  • Le recyclage de matière et d'éléments nutritifs organiques,
  • La régulation d'événements climatiques et météorologiques par des sols fertiles,
  • La régulation de maladies et de ravageurs dans les cultures par la biodiversité et les ennemis naturels, et
  • La pollinisation des cultures par des animaux sauvages.

Ces affirmations ont été corroborées par des preuves scientifiques (pour une revue bibliographique complète, voir Niggli et al., 2008 ; UNCTAD, 2006 ; Scialabba El Hage et Hattam, 2002 ; Stolze et al., 2000). Les avantages environnementaux les plus notables peuvent être résumés comme suit :

Biodiversité

La biodiversité est un moteur important pour la stabilité des agro-écosystèmes (Altieri et Nicholls, 2006), et ainsi, pour un approvisionnement alimentaire stable et constant. Dans l'agriculture biologique, la biodiversité représente à la fois une fin et un moyen. Comme les agriculteurs ne peuvent pas utiliser de substances de synthèse (p. ex. engrais, pesticides et produits chimiques), ils ont grandement intérêt à ce que l'équilibre écologique naturel soit restauré. Au niveau de l'exploitation, la diversité est favorisée par de nombreuses activités agricoles (p. ex. en ajoutant de la valeur par la transformation et la commercialisation directes, ou en combinant l'agriculture avec des écoles, visites et formations à la ferme). Dans les champs des pays tropicaux et subtropicaux, la diversité s'obtient par de multiples rotations de cultures, de cultures intercalaires et d'agroforesterie (Kilcher, 2007). Au final, les exploitations bio ne peuvent pas fonctionner très longtemps si l'on ne cultive que les plantes économiquement intéressantes. 

La diversité des espèces dans les fermes biologiques est avant tout l'effet des techniques biologiques très spécifiques et de l'interdiction des pesticides, herbicides et engrais à libération rapide. Une exploitation bio a plus de succès dans un paysage diversifié qui comporte suffisamment d'éléments semi-naturels tels que des haies, des espaces rudéraux et des bandes de fleurs sauvages qui servent de sources naturelles pour contrôler les ravageurs (Zehnder et al., 2007). La gestion de la qualité du sol (p. ex. amendement au compost), les pratiques de travail du sol (p. ex. labour de conservation), la rotation des cultures et les cultures intercalaires sont des mesures supplémentaires importantes destinées à faire baisser le risque d'infestations par des ravageurs ou des maladies. Il est donc dans l'intérêt des agriculteurs bio d'augmenter la diversité à tous les niveaux, car la lutte biologique contre les adventices, les ravageurs et les maladies échouerait sans une grande diversité.

Des comparaisons de biodiversité entre des exploitations organiques et conventionnelles révèlent une diversité d'espèces 30 pourcent plus élevée et une abondance d'animaux utiles 50 pourcent plus élevée sur des surfaces biologiques (Bengtsson, Ahnstrom et Weibull, 2005 ; Hole et al., 2005). La plus grande biodiversité s'applique à de nombreux groupes taxonomiques, entre autres aux microorganismes, vers de terre, insectes et oiseaux (Hole et al., 2005). Dans les régions où le nombre d'exploitations bio a augmenté, la diversité et l’abondance des abeilles ont considérablement augmenté, contribuant ainsi à la pollinisation des cultures et des plantes sauvages sur des surfaces plus étendues (Rundlöf, Nilsson et Smith, 2008).

Moins de répercussions négatives sur l’environnement

Les agricultures traditionnelles sont si dépendantes des engrais, herbicides et pesticides chimiques que l'environnement a souffert de dégâts considérables. Grâce à l'interdiction des engrais chimiques dans les exploitations bio, le lessivage d’azote est réduit de 35 à 65 pour cent sur des champs cultivés vers les zones où il pourrait dégrader le sol et la qualité de l'eau potable. D'autres éléments nutritifs tels que le potassium ou le phosphore ne sont pas trouvés en quantités excessives dans les sols bio, ce qui augmente l’efficacité de leur utilisation (Mäder et al., 2002). Comme les herbicides et pesticides de synthèse ne sont pas utilisés dans les exploitations bio, ils ne peuvent pas non plus se retrouver dans leurs sols ni dans les eaux de surface ou souterraines.

Sols stables – moins sujets à l'érosion

Des sols fertiles aux propriétés physiques stables sont devenus la plus grande priorité de l'agriculture durable. Pour des sols fertiles, la condition essentielle est une forte population de bactéries, champignons, insectes et vers de terre, qui créent des agrégats de sol stables. Des études en Europe, aux États-Unis, en Australie et en Afrique ont montré à maintes reprises que les exploitations bio et la gestion bio du sol mènent à une bonne fertilité du sol. Comparés aux sols gérés de façon conventionnelle, les sols bio présentent de plus grandes quantités de matière organique, plus de biomasse, une plus grande activité enzymatique des microorganismes, une meilleure stabilité des agrégats, une meilleure infiltration, une plus grande capacité de rétention de l'eau, moins d'érosion hydrique et éolienne (Edwards, 2007 ; Fliessbach et al., 2007 ; Marriott et Wander, 2006 ; Pimentel et al., 2005 ; Reganold, Elliot et Unger, 1987 ; Reganold et al., 1993 ; Siegrist et al., 1998). Les sols ne subissent pas davantage d'érosion lorsque les agriculteurs bio utilisent de temps en temps une charrue pour enterrer des racines et graines d'adventices (Teasdale et al, 2007 ; Müller et al., 2007).

Séquestration du carbone

Les agriculteurs bio utilisent différentes techniques pour accroître la fertilité du sol. Parmi ces techniques, les plus efficaces sont la fertilisation par fumier animal, par résidus de récoltes compostés et par des légumineuses couvre-sol et des cultures dérobées (pour l'azote). L'introduction d'herbages et de légumineuses dans les rotations comme fourrage pour les ruminants, la diversification des séquences de culture et la réduction de la profondeur et de la fréquence du labour augmentent également la fertilité du sol. Toutes ces techniques ont pour autre mérite d'augmenter les taux de séquestration du carbone dans les champs bio. Un travail du sol moins fréquent peut également favoriser la capture du carbone dans ces champs.

Usage plus efficace de l'azote, moins d'émissions de gaz à effet de serre dans les exploitations bio

Dans les agroécosystèmes, l'azote minéral dans les sols stimule la productivité des cultures. Cette productivité a augmenté considérablement grâce à un fort recours à des engrais de synthèse – surtout azotés – et des pesticides de synthèse. Cependant, seuls 17 pour cent des 100 tonnes métriques de l'azote industriel produit en 2005 ont été absorbés par les cultures. Le reste a été d'une manière ou d'une autre perdu dans la nature (Erisman et al., 2008). De hauts niveaux d'azote réactif (NH4, NO3) dans les sols peuvent contribuer à l'émission d'oxydes d'azote, et constituent une source majeure d'émissions agricoles. L'efficacité de l'utilisation d'engrais diminue à mesure qu’augmente la fertilisation, parce qu'une grande partie de l'engrais n'est pas absorbée par la plante mais émise dans l'eau et l'atmosphère.

Dans l'agriculture bio, le renoncement à l'azote produit industriellement et la réduction de la charge de bétail à l’hectare font baisser considérablement la concentration d'azote minéral facilement assimilable dans les sols et ainsi, les émissions de N2O. De plus, en diversifiant les rotations de culture au moyen d’engrais verts, la structure du sol est meilleure, ce qui réduit les émissions de N2O. Les sols biologiques sont plus aérés et ont des concentrations significativement plus basses d'azote mobile, ce qui réduit également les émissions de N2O. En conséquence, la disponibilité limitée de l'azote dans les systèmes biologiques exige une gestion soignée et efficace (Kramer et al., 2006). Les exploitations bio utilisent l'azote de façon plus efficace et moins polluante (Mäder et al., 2002).

Dans un scénario simplifié, une conversion globale au biologique réduirait considérablement les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur agricole et rendrait l'agriculture presque neutre sur le plan des GES (Niggli et al., 2009). Dans une étude approfondie pour l'Autriche, un modèle de conversion au biologique avait réduit de 3 pour cent les émissions autrichiennes de GES (Freyer et Dorninger, 2008). Avec les taux bien plus élevés de séquestration mesurés dans l'expérience de Rodale en Pennsylvanie, LaSalle et Hepperly (2008) ont estimé le potentiel de mitigation de l'agriculture bio à 25 pour cent des émissions totales de GES aux États-Unis. Cette variation dans le potentiel de mitigation selon différents scénarios montre que l'agriculture biologique est une option importante dans une approche multifonctionnelle du changement climatique.

2. Les exploitations biologiques sont bien adaptées au changement climatique

Suite au changement climatique, la production agricole doit s'attendre à des conditions météorologiques moins prévisibles que celles observées durant le siècle dernier. L'Asie du Sud et l'Afrique australe, en particulier, seront selon toute attente les régions les plus affectées par les impacts négatifs sur des cultures importantes, avec des implications potentielles graves du point de vue humanitaire, environnemental et sécuritaire (Lobell et al., 2008).

De bonnes facultés d'adaptation des agriculteurs, des exploitations et des méthodes de production seront d’autant plus importantes pour faire face au changement climatique. Comme les événements météorologiques seront de plus en plus imprévisibles, une production agricole robuste et résiliente sera plus compétitive et l’expérience locales des agriculteurs sera essentielle pour une adaptation permanente. L'agriculture biologique insiste sur le besoin de profiter des connaissances des agriculteurs et des communautés d'agriculteurs, surtout sur des aspects tels que l'organisation de la ferme, la conception des cultures, la manipulation d'habitats naturels et semi-naturels sur l'exploitation, l'usage ou même la sélection de graines et d'espèces adaptées localement, la préparation d'engrais sur l'exploitation, les fortifiants naturels de plantes et les médicaments et techniques de soin traditionnelles pour le bétail, ainsi que les technologies innovantes et peu onéreuses. Tengo et Belfrages (2004) ont décrit ces connaissances comme un « réservoir d'adaptations ».

Les techniques qui améliorent la fertilité du sol aident à maintenir la productivité des cultures en cas de sécheresse, de pluies irrégulières suivies d'inondations, et de températures en hausse. Les sols biologiques retiennent nettement plus les eaux de pluie grâce aux « propriétés d'éponge » de la matière organique. La capacité d'infiltration de l'eau était de 20 à 40 pour cent supérieure dans les sols de loess en gestion biologique dans le climat tempéré de la Suisse, comparée aux sols en gestion conventionnelle (Mäder et al., 2002). Pimentel et al. (2005) ont estimé à 816 000 litres par hectare la quantité d'eau retenue dans les 15 cm de la couche supérieure du sol dans les parcelles biologiques de l'expérience de Rodale. Ce réservoir d'eau explique très vraisemblablement les rendements plus élevés du maïs et du soja durant les années sèches. Durant les pluies torrentielles, la capture de l'eau a été d'environ 100 pour cent supérieure dans les parcelles biologiques que dans les parcelles conventionnelles (Lotter, Seidel and Liebhardt, 2003). Cette capture de l’eau réduit significativement le risque d'inondations, un effet qui pourrait revêtir une grande importance si l'agriculture bio était pratiquée sur de plus grandes surfaces. Des résultats similaires démontrant que l'agriculture bio améliorait les propriétés physiques des sols et donc la tolérance des cultures à la sécheresse, ont été obtenus dans des expériences en champs d’agriculteur en Éthiopie, en Inde et aux Pays-Bas (Pulleman, et al., 2003 ; Eyhorn, Ramakrishnan et Mäder, 2007 ; Edwards, 2007).

La capacité des exploitations à s'adapter au changement climatique dépend non seulement des qualités du sol mais aussi de la diversité des espèces qu'il héberge et de la diversification des activités agricoles. La culture en parallèle d'un grand nombre de cultures et d'animaux différents réduit considérablement les risques liés aux conditions météorologiques. Les paysages riches en éléments et habitats naturels atténuent efficacement l'instabilité climatique. Les nouvelles espèces de ravageurs, d'adventices et de maladies – résultats du réchauffement climatique – sont probablement moins invasives dans les habitats naturels, semi-naturels et agricoles qui contiennent beaucoup d'espèces et de membres de chaque espèce (Zehnder et al., 2007; Altieri, Ponti and Nicholls, 2005; Pfiffner, Merkelbach, and Luka, 2003).

3. L'agriculture biologique accroît la sécurité alimentaire

Avec la croissance rapide de la population mondiale, une question essentielle se pose, à savoir si l'agriculture biologique pourrait nourrir la terre. Les avantages incontestables de l'agriculture biologique dans les biens et les services qu'elle rend sont contrebalancés si l'on utilise trop de terres pour produire de la nourriture. La question de la productivité des systèmes bio a été traitée par un groupe de scientifiques dirigé par le Professeur Ivette Perfecto de l'Université du Michigan. En analysant le rendement de centaines d'expériences sur des parcelles et à la ferme, et en comparant l'agriculture bio avec l'agriculture conventionnelle, ils ont conclu que l'agriculture bio pouvait nourrir largement plus d'êtres humains que l'ensemble de la population mondiale de l’époque, soit 6,7 milliards de personnes (Badgley et al., 2007). Selon d'autres articles publiés, les rendements de cultures biologiques peuvent être réduits de 30 à 40 pour cent dans des régions d'agriculture intensive sous les meilleures conditions géo-climatiques. Dans des régions agricoles moins favorables, les rendements des cultures biologiques étaient comparables à ceux des cultures conventionnelles. Dans le contexte d'une agriculture de subsistance, et dans les régions où l'approvisionnement en eau est perturbé périodiquement (sécheresses, inondations), l'agriculture bio est compétitive face à l'agriculture conventionnelle, et souvent supérieure pour ce qui est des rendements. L'Équipe spéciale de la CNUCED et du PNUE sur le renforcement des capacités (CBTF) dans le commerce, l'environnement et le développement ont publié les résultats de nombreuses études de cas qui montraient qu'en comparaison avec l'agriculture traditionnelle de subsistance, les rendements étaient plus de deux fois supérieurs (avec une moyenne de 116 pour cent) en appliquant des pratiques agricoles biologiques, en particulier en diversifiant les rotations, intégrant les légumineuses et fermant les cycles des éléments nutritifs et de matière organique dans des exploitations ou des régions entières. (Pour des données sur la compétitivité et les performances de l'agriculture bio, voir, par exemple, Badgley et al., 2007 ; Halberg et al., 2006 ; UNEP-UNCTAD, 2008b).

Très souvent, l'agriculture bio est un moyen très performant de produire de la nourriture. De plus, les systèmes bio utilisent intelligemment nombre de technologies modernes telles que les bio-pesticides, les engrais naturels et les insectes ou microorganismes parasites ou prédateurs. Même dans le cas de technologies très controversées telles que le génie génétique, l'agriculture bio utilise sélectivement certains outils (p. ex. marqueurs moléculaires dans la sélection ou dans le diagnostic d'incidences de ravageurs ou de maladies dans les cultures et le bétail). Il n'y a en fait aucune contradiction entre les règles bio et les technologies de pointe. Les technologies sont bannies dans les cas où les risques sont accrus, où la prudence est de mise et la prévention offre de meilleures solutions. L'interdiction de l'azote de synthèse illustre parfaitement cette stratégie : Les agriculteurs bio gèrent l'azote dérivé de la matière organique, des sols et des légumineuses avec plus de soin et moins de pertes, parce que l'azote est plus rare. Par conséquent, les sols en gestion biologique sont plus fertiles et résistants aux maladies et à la sécheresse. Cette gestion de l’azote rend également les agriculteurs bio indépendants des hausses de prix du pétrole, des intrants de synthèse importés, et l'impact environnemental de l'agriculture diminue de façon considérable (Granstedt, 2006 ; Crews and Peoples, 2004).

Le concept général de l'agriculture bio laisse une grande marge d'amélioration dans la productivité des fermes sur la base d'une intensification éco-fonctionnelle. Dans l'agriculture conventionnelle, « l'intensification s'entend en premier lieu comme l'utilisation d'une plus grande quantité d'éléments nutritifs et de pesticides par unité de surface. Elle signifie également une plus grande quantité d'énergie (directe pour les machines et indirecte pour les intrants). Enfin, elle s'efforce de mieux exploiter la variabilité génétique des plantes et des animaux ; pour ce faire, toutes les techniques disponibles de sélection, y compris le génie génétique, sont utilisées » (trad. de Niggli et al., 2008). D'un autre côté, l'intensification éco-fonctionnelle « signifie avant tout activer plus de connaissances et atteindre un plus haut degré d’organisation par unité de surface. Elle intensifie les effets bénéfiques des fonctions d'écosystèmes telles que la biodiversité, la fertilité du sol et l'homéostasie. Elle utilise très intensivement les mécanismes d'autorégulation des organismes et des systèmes biologiques ou organisationnels. Elle ferme les cycles des matières afin de minimiser les pertes (p. ex. compost et fumier). Elle cherche la meilleure adéquation entre la variation environnementale et la variabilité génétique des plantes et du bétail » (trad. de Niggli et al., 2008).

La certification par des tiers est un outil important pour accéder aux marchés internationaux et pour établir la confiance dans des situations anonymes de producteurs-consommateurs. De plus, les gouvernements devraient encourager/promouvoir les Systèmes de garantie participatifs (SGP) pour les marchés locaux, surtout pour les petits producteurs et les consommateurs à bas revenus dans les pays en développement. De tels systèmes renforcent la coopération entre les agriculteurs et les consommateurs, et le sens de responsabilité et de coopération (et de contrôle mutuel) entre les agriculteurs (UNCTAD, 2008). La Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique (IFOAM), en tant que pionnière des réglementations et des critères de certification bio, encourage les SGP, renforçant le rôle de l'agriculture bio dans la lutte durable contre la pauvreté.

L'agriculture biologique est davantage qu'une forme moins polluante de production alimentaire. D'une manière générale, elle soulève des questions sur les habitudes alimentaires des gens dans les pays développés et les régions émergentes du monde. Comme les exploitations bio ont des charges en bétail plus basses afin d’en réduire l’impact environnemental et parce qu'elles bannissent l'agriculture industrielle, il reste davantage de surfaces disponibles pour la production végétale, avec une valeur calorique sept fois supérieure pour l'alimentation humaine. Par conséquent, l'agriculture bio inculque un schéma alimentaire avec moins de viande et de produits laitiers et une plus grande proportion de fruits et légumes. Ce qui est bon pour la santé devient donc bon pour l'environnement et bon pour la sécurité alimentaire mondiale!

Plus de soutien nécessaire

Le soutien des services publics et privés et les incitations sont importants pour renforcer la compétitivité (p. ex. gestion appropriée du fumier et des déchets, culture de légumineuses ou diversification des rotations de culture). On a besoin de plus de recherche, de conseil et de formation. Les organisations internationales doivent fournir davantage d'efforts pour faciliter la coopération Sud-Sud et l'échange de connaissances à tous les niveaux des chaînes agroalimentaires biologiques. Et finalement, les organisations d'agriculteurs bio nationales et internationales doivent s'engager plus activement dans le développement d'innovations. La combinaison de l'agriculture bio et d’un travail du sol réduit, par exemple, offrirait d'énormes options de séquestration du carbone et pourrait devenir l'exigence de base pour des schémas de crédit GES.

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