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Quel est le meilleur système agricole pour l'Afrique ?

Les principaux défis de l'agriculture africaine sont le manque de sécurité alimentaire, la dégradation du sol, la perte de la biodiversité et les effets du changement climatique. Ces défis appellent des discussions et des solutions conformes aux lois nationales et internationales ainsi qu'aux contraintes environnementales et sécuritaires. De plus, il y a dans chaque pays des normes de conduite éthiques ou culturelles à respecter. Divers systèmes de production agricole cohabitent en Afrique, de l'agriculture traditionnelle à faibles intrants à l'agriculture industrielle intensive. Qu'il s'agisse d'agriculture bio ou conventionnelle, les approches présentent des compromis entre les services écosystémiques et le besoin urgent en nourriture abordable, sûre et diversifiée. Des questions importantes se posent, notamment :

  • Comment augmenter la production alimentaire et sécuriser les récoltes tout en utilisant les ressources naturelles efficacement et durablement ?
  • Comment éviter les effets négatifs d’une intensification des systèmes de production agricole ?
  • Comment faciliter l'apprentissage mutuel et le partage des connaissances et technologies ?

L'IAASTD propose une approche intégrée pour l'agriculture africaine :

L'Évaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement (IAASTD) analyse l'agriculture africaine comme suit (IAASTD 2008). Afin de relever les défis de l'agriculture en Afrique, l'IAASTD recommande un système de production agricole intégrée qui

  • aborde les défis du point de vue d'une chaîne de valorisation, de la production à la transformation et au marketing, avec une perspective locale et régionale ;
  • tient compte des fonctions multiples de l'agriculture, notamment l'amélioration des moyens d'existence, l'augmentation des services environnementaux, la conservation des ressources naturelles et de la biodiversité, et la contribution de l'agriculture au maintien des traditions sociales et culturelles ;
  • reconnaît que les femmes, qui représentent environ 70 pour cent des travailleurs agricoles en Afrique subsaharienne, ont besoin d'être mieux représentées dans les prises de décisions et de bénéficier d'un accès équitable à l'enseignement, au crédit et à des régimes fonciers sûrs ;
  • reconnaît la nécessité d'un enseignement, une recherche et une vulgarisation de meilleure qualité qui abordent les objectifs de développement et de durabilité ;
  • encourage l'adoption de technologies de gestion du sol adaptées aux conditions locales et participant d’une approche intégrée de gestion des éléments nutritifs, en mettant l'accent sur la nécessité de conserver aussi bien l'eau que la matière organique du sol. Il est impératif d'augmenter les investissements dans la conservation agroécologique et les méthodes d'agriculture biodiversifiée à petite échelle.
  • promeut l'usage de l'agroforesterie, un travail du sol minimum ou sans travail du sol et l'usage d'équipements agricoles locaux qui offrent des approches agroécologiques intégrées pour réduire la dégradation du sol.1

1Agriculture at a Crossroads. International assessment of agricultural knowledge, science and technology for development (IAASTD) : Sub-Saharan Africa (SSA) report / édité par Beverly D. McIntyre et al.

De nombreux types d'agriculture durable affirment être respectueux de l'environnement et des ressources, économiquement viables, socialement utiles et commercialement compétitifs. Cependant, il n'y a pas de consensus général sur le degré de durabilité à viser et sur les méthodes et intrants qui peuvent être autorisés. On semble tout de même s’accorder sur la nécessité pour les petits agriculteurs africains d'adopter un système qui fournit et facilite

  • une bonne garantie de rendement pour des produits de haute qualité (et aux prix en conséquence)
  • des revenus plus élevés qui peuvent être réinvestis dans l'agriculture
  • un usage efficace et durable des ressources locales
  • des coûts minimaux pour les intrants externes
  • un environnement socio-économique solide pour l'agriculture et la vie dans les zones rurales.

Agriculture traditionnelle

Généralement, les systèmes d'agriculture traditionnelle en Afrique n'utilisent pas beaucoup d'intrants agricoles externes. C'est pourquoi on dit parfois d'eux qu'ils sont « biologiques par négligence ». Cependant, le renoncement aux intrants agricoles externes ne signifie pas qu'un système est durable. Les systèmes traditionnels ont notamment comme inconvénients le manque de mesures pour fertiliser le sol et pour prévenir l'érosion, la destruction de forêts et la combustion de biomasse (p. ex. systèmes de culture sur brûlis). Dans certaines régions, par exemple dans les plantations pérennes telles que le café ou le cacao, on n’apporte pas de suppléments en éléments nutritifs ni n’applique de stratégie de gestion des ravageurs, et pourtant les cultures sont récoltées en continu. Les frais de maintenance sont certes peu élevés en raison des soins insuffisants apportés au sol et aux cultures, mais la fertilité du sol, la santé des plantes et la productivité diminuent graduellement au fil des cultures, pour aboutir bien souvent à de mauvaises récoltes et à des famines.

L'autre défi réside dans l'accroissement démographique observé dans de nombreux pays africains : les rendements de l'agriculture traditionnelle ne parviennent pas à satisfaire la demande de la population. De nombreuses surfaces d'agriculture traditionnelle subissent une dégradation sévère en raison de jachères réduites, de surpâturage ou de surexploitation.

En même temps, les systèmes traditionnels d'agriculture ont sélectionné et préservé de nombreuses méthodes et techniques utiles dont le succès a été démontré dans des conditions locales spécifiques. Par exemple, l'usage de cultivars et d'espèces adaptés et tolérants peut être extrêmement utile dans une agriculture qui se veut durable.

Agriculture conventionnelle

L'agriculture conventionnelle n'est pas un système de production clairement défini. Contrairement à d'autres systèmes tels que l'agriculture traditionnelle ou biologique, il s'agit le plus souvent d'une agriculture qui repose largement sur des intrants externes. L'approche conventionnelle vise une augmentation du rendement et du profit par zone cultivée par l'usage intensif d'intrants externes tels que les engrais chimiques, les pesticides et des graines qui exigent beaucoup d'intrants et d'irrigation. Ce système de production peut facilement mener à une dégradation du sol, une contamination du sol et de l'eau, et en fin de compte à la perte définitive de terres productives, de la biodiversité et même d'espèces végétales ou animales menacées. De plus, les pratiques conventionnelles telles que les monocultures ont pour effet de rendre les agriculteurs dépendants de quelques cultures, voire d’une seule, et d'intrants externes coûteux qui font augmenter les frais et les risques de la production, en particulier lorsque les prix des produits agricoles menacent de baisser.

L'approche conventionnelle peut fonctionner à court et moyen terme dans les zones où les terres sont naturellement fertiles, l'eau est disponible en quantités suffisantes et l’accès au capital est aisé. Or, ces conditions favorables sont rarement réunies dans les petites exploitations agricoles africaines. Il est donc peu probable que l'agriculture conventionnelle puisse aider à résoudre durablement les défis que rencontre l'agriculture africaine. Ce système ne fait pas usage des pratiques agricoles résilientes et productives pourtant essentielles pour aborder et satisfaire les besoins de la population et de l'écosystème.

Agriculture durable

Différentes philosophies et tendances affirment promouvoir l'« agriculture durable ». Celles-ci contiennent toutes des règles telles que l'interdiction d'utiliser des intrants toxiques pour éviter que la production agricole ne nuise à l'environnement, au consommateur et à l'agriculteur. Dans la « famille » des systèmes agricoles durables, l'agriculture biologique est le seul système qui rejette l'usage d'intrants chimiques de synthèse. L'intérêt de l'agriculture biologique pour l'Afrique et les exigences liées à la labellisation des produits sont expliqués dans le Module 7.

En règle générale, les systèmes modernes de production durable ont une marque et un nom, et leurs producteurs sont contrôlés et certifiés plus ou moins strictement. De nos jours, pour exporter les produits agricoles, il est extrêmement utile – et parfois même obligatoire – d'être un producteur certifié et muni d'un label. La certification indépendante et la labellisation orientée vers le marché sont des avantages de l'agriculture bio par rapport à d'autres systèmes durables (voir les détails au sujet de la production certifiée, les standards et la certification au module 7).

Dans la « famille » des systèmes agricoles durables, il existe plusieurs « systèmes de production non-biologique avec label » applicables en Afrique. La liste ci-dessous n'est pas exhaustive mais elle en donne un aperçu :

  • La Production intégrée (« Integrated Production », IP) n'interdit pas l'usage de produits agrochimiques mais vise à réduire les quantités épandues. Pour la protection des plantes, on utilise si possible une combinaison de méthodes de biocontrôle et de pesticides chimiques (gestion intégrée des ravageurs). Si l'infestation par des ravageurs ou des maladies atteint un seuil prédéfini, on peut utiliser les pesticides chimiques. Pour nourrir les plantes, les engrais chimiques sont autorisés mais il y a généralement une quantité limite à ne pas dépasser pour chaque culture. Certains labels IP exigent une analyse régulière du sol. Les labels IP sont aussi utilisés en Afrique, notamment le label IPW (production intégrée de vin), un schéma de durabilité environnementale volontaire établi en 1998 par l'industrie sud-africaine du vin (www.ipw.co.za). D'autres programmes sont plus axés sur la production et ne visent pas nécessairement la commercialisation avec un label (p. ex. le GIPD (« IPPM »), un programme de gestion intégrée de la production et des déprédateurs en Afrique de l'Ouest fondé par la FAO). La force et la nouveauté d'un tel programme résident dans les liens qu'il tisse entre l'épidémiologie, la santé publique, l'écotoxicologie, l'estimation des risques, l'entomologie, l'agronomie, l'économie, les sciences politiques et la gestion des ressources naturelles (FAO 2008).
  • Les labels de commerce équitable, comme Max Havelaar par exemple (www.maxhavelaar.be/international), sont extrêmement intéressants pour les petits producteurs en Afrique. Il y a deux ensembles de standards pour le commerce équitable, qui reconnaissent différents types de producteurs défavorisés. Le premier ensemble de standards s'applique aux petits exploitants qui collaborent au sein de coopératives ou d'autres organisations à structure démocratique. Le second ensemble s'applique aux travailleurs dont les employeurs paient des salaires raisonnables, garantissent le droit à se syndiquer, appliquent des standards de santé et de sécurité et fournissent un logement adéquat lorsque cela est nécessaire. Les standards de commerce équitable couvrent également les termes de la vente. La plupart des produits ont un prix de commerce équitable, correspondant au minimum qui doit être payé aux producteurs. En plus de cela, les producteurs reçoivent une somme – appelée « prime de commerce équitable » – à investir dans leurs communautés. Les standards de commerce équitable n'incluent pas les réglementations de production biologique ; le commerce équitable n'implique donc pas forcément que les produits sont biologiques. Cependant, plusieurs programmes de commerce équitable ont une double certification, une pour le commerce équitable et une pour la production bio. La majorité des labels de commerce équitable sont membres de l'organisation faîtière internationale Fairtrade Labelling Organizations International (FLO) (www.fairtrade.net).
  • Une certification qui est de plus en plus exigée par les sociétés de détaillants importateurs est celle de la « bonne pratique agricole »(GAP) (www.globalgap.org). Le standard GLOBALG.A.P est en premier lieu destiné à rassurer les consommateurs sur la manière de produire de la nourriture sur l’exploitation en minimisant les effets environnementaux néfastes des travaux agricoles, en réduisant l'usage d'intrants chimiques et en assurant une approche responsable de la santé et la sécurité des travailleurs ainsi que du bien-être animal. Par exemple, de nombreux supermarchés de l'Union européenne exigent que leurs marchandises aient été produites conformément au standard GLOBALG.A.P. En Afrique, ce sont surtout les exportateurs de fruits et légumes qui sont certifiés GLOBALG.A.P.
  • L'agriculture durable inclut des systèmes tels que l'agriculture durable à faible utilisation d'intrants extérieurs (« LEISA », www.puttingfarmersfirst.ca/leisa/). La LEISA est très présente en Afrique et elle est promue par de nombreux programmes. Elle renonce partiellement à l'usage de produits agrochimiques et tente d'optimiser l'usage de ressources localement disponibles en combinant les composantes du système agricole pour optimiser leur synergie. Les intrants externes sont seulement recommandés pour fournir des éléments qui manquent dans l'écosystème et pour compléter les quantités disponibles. Les pratiques de la LEISA sont parfaitement adaptées à l'agriculture de conservation (voir ci-dessous). Cependant, la LEISA n'est pas (encore) un système contrôlé et certifié avec un label pour les produits.

Agroforesterie et permaculture

L'agroforesterie et la permaculture sont des systèmes intéressants qui tentent d’atteindre une plus grande biodiversité par une combinaison de plantes cultivées dans les zones de production. Les cultures annuelles et ligneuses (arbres, buissons) sont généralement plantées et gérées ensemble. Le but est de créer un environnement de production qui réponde mieux aux besoins physiologiques d'une culture donnée qu'un système de monoculture (p. ex. le cacao, en tant qu'arbre tropical de la strate moyenne, pousse mieux à l'ombre des arbres). Comme la biodiversité y est plus grande que dans les monocultures, les systèmes d'agroforesterie et de permaculture ont une autorégulation plus forte et mieux stabilisée pour prévenir les épidémies de ravageurs et de maladies. La combinaison avec les arbres permet également un meilleur usage de la troisième dimension de la zone productive. Ainsi, avec une combinaison judicieuse des cultures complémentaires et une gestion appropriée et soignée, ces systèmes peuvent sécuriser le rendement et le profit tout en étant hautement durables. La mise en place et la gestion optimales des systèmes d'agroforesterie et de permaculture demandent toutefois des connaissances approfondies et une gestion très vigilante. L'agroforesterie est hautement appropriée et utilisée dans de nombreux pays d'Afrique. Par exemple, elle est promue au Centre mondial d'agroforesterie de Nairobi. La vision de ce Centre est une transformation rurale dans les pays en développement, où les petites exploitations familiales intensifient stratégiquement l'utilisation des arbres dans les paysages agricoles pour améliorer leur sécurité alimentaire, nutrition, revenu, santé, abri ainsi que les ressources énergétiques et la durabilité environnementale (www.worldagroforestrycentre.org).

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